Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/88

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pas, dans ce moment, suivre le plan tracé par son meilleur ami et son bienfaiteur ; que lui-même voyait avec peine son fils dans l’inaction, à un âge où tous ses aïeux avaient déjà parcouru la carrière des armes ; que sa majesté elle-même avait daigné demander si le jeune Waverley n’était pas en Flandre, à un âge où son grand-père avait versé son sang pour son roi, dans la grande guerre civile ; que cette question avait été suivie de l’offre d’une compagnie de cavalerie ; que voulait-il aujourd’hui qu’il n’avait pas eu le temps de consulter l’inclination de son frère, quand même il aurait pu lui venir à l’idée qu’il serait mécontent de voir son neveu suivre la glorieuse carrière de ses ancêtres ? et bref, qu’ayant sauté, avec une rapidité extraordinaire, les grades intermédiaires de cornette et de lieutenant, Édouard était le capitaine Waverley au régiment de dragons de Gardiner, qu’il devait joindre dans le cours du mois, en ses quartiers, à Dundee en Écosse.

Sir Éverard lut cette lettre en éprouvant diverses impressions : à l’époque de l’avénement à la couronne de la maison de Hanovre, il avait quitté le parlement, et sa conduite dans l’année mémorable de 1715 n’avait pas été tout à fait à l’abri du soupçon. Il fut bruit de revues mystérieuses de tenanciers à cheval, faites au clair de lune aux Chasses de Waverley, et de caisses de carabines et de pistolets venant de Hollande, adressées au baronnet et interceptées par la vigilance d’un officier de l’excise, lequel, plus tard, fut puni de son zèle par une bande de rustres qui, à la faveur d’une nuit sombre, le firent sauter dans une couverture de lit. On disait même que, lorsque le chef des troupes, sir William Wyndham, fut arrêté, on avait trouvé dans une poche de sa robe de chambre une lettre de sir Éverard. Mais il n’y avait contre lui aucune preuve de rébellion, et le gouvernement, content d’arrêter l’insurrection de 1715, sentit qu’il n’était ni prudent ni sûr de poursuivre d’autres personnes que celles qui avaient pris les armes. Sir Éverard ne paraissait avoir aucune crainte de nature à justifier les bruits répandus parmi les whigs ses voisins. Il était bien connu qu’il avait secouru de son argent quelques malheureux gentilshommes du Northumberland et de l’Écosse, qui, ayant été faits prisonniers à Preston, comté de Lancastre, avaient été jetés dans les prisons de Newgate et de Marshalsea, et que son solliciteur et son conseil ordinaire avaient pris la défense de ces infortunés dans leur procès. On pensait toutefois générale-