Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/55

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de la même grandeur, à travers lequel le gardien pouvait, sans ouvrir la porte, veiller sur son prisonnier. De cette ouverture, Peter-Lanaret vit le malheureux Gaston, suspendu par le cou avec sa propre ceinture à un anneau en fer fixé dans un des murs de la prison. Il était parvenu à cette hauteur de la muraille par le moyen d’une table sur laquelle sa nourriture était placée. Au milieu des agonies de la honte et de la scélératesse trompée, il avait résolu de se défaire ainsi de sa misérable vie. On trouva le corps de Gaston encore chaud, mais tout à fait privé de vie. Un récit exact de la nature de sa mort fut rédigé et certifié. Il fut enterré ce soir-là même dans la chapelle du château, par respect pour sa haute naissance ; et le chapelain de Fitzallen de Marden, qui dit le service dans cette occasion, prêcha le dimanche suivant un excellent sermon sur ce texte, radix malorum est cupiditas, que nous avons transcrit ici.

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Ici, le manuscrit sur lequel nous avons avec beaucoup de peine transcrit et souvent traduit ce roman pour l’édification du lecteur, est tellement illisible et embrouillé que, excepté des cependant, des néanmoins et des voici, il est difficile de saisir ce qui est inintelligible, si ce n’est cette définition de l’avarice : « L’avarice est une friandise de cœur pour des choses terrestres. » Un peu plus loin, on croyait y voir un récit comique des noces de Margery avec Ralph le tasker, de la course à la quintaine et d’autres jeux champêtres auxquels on se livrait dans de semblables circonstances. On y trouvait aussi des fragments d’un sermon ironique, prêché par Grégoire en cette occasion, et dont voici un passage :

« Mes chers maudits coquins, il y avait une fois un roi qui épousa une jeune vieille reine, laquelle eut un enfant ; et cet enfant fut envoyé à Salomon le sage, en le priant de donner au nouveau-né les mêmes bénédictions qu’il avait reçues de la sorcière d’Endor quand elle le mordit au talon. C’est de cela que parle le digne docteur Radigun Jus Potator, pourquoi ne dirait-on pas la messe pour tous les souliers rôtis servis le samedi dans le plat du roi ; car il est certain que saint Pierre adressa au père Adam, pendant leur voyage à Camelot, une question haute, importante et douteuse : « Adam, Adam, pourquoi mangeais-tu la pomme sans la peler[1] ? »

  1. Cette tirade, espèce de jargon, est littéralement extraite d’un discours ironique prononcé par un bouffon de profession, discours qui se trouve dans un ancien manuscrit de la bibliothèque de Ladvocat, le même dont feu le spirituel M. Weber publia le curieux roman comique de La chasse du lièvre. a. m.