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commencer un peu son ancien commerce, et elle est devenue dépositaire de plus de la moitié du butin de l’armée. Vous pensez bien que la coupe fut bientôt rachetée, et vous me ferez grand plaisir si vous me permettez de croire qu’elle n’a rien perdu à vos yeux de son prix, pour vous avoir été rendue par mes mains. »

Une larme se mêla au vin que le baron versait, pour porter, comme il se le proposait, un toast de reconnaissance au colonel Talbot et à la prospérité des maisons alliées de Waverley-Honour et de Bradwardine.

Il ne me reste qu’à ajouter que si jamais vœu n’avait été prononcé avec plus de sincérité et de cordialité, il n’y en eut pas aussi, eu égard aux vicissitudes nécessaires des événements humains, qui ait été, au total, plus heureusement exaucé.


CHAPITRE LXXII.

POST-SCRIPTUM QUI AURAIT PU ÊTRE UNE PRÉFACE.


Voilà notre voyage achevé, aimable lecteur ; et si vous avez eu la patience de m’accompagner jusqu’à la dernière de ces pages, le contrat est, en ce qui vous regarde, exactement exécuté. Cependant, comme le postillon qui a reçu ce qui lui était légalement dû, ne s’éloigne pas et sollicite encore, avec une défiance convenable de lui-même, un pour-boire de votre générosité ; de même je vous demande encore quelques moments de patience. Cependant, vous êtes libre de fermer le volume de l’auteur, comme de fermer la porte au nez du postillon.

Ce chapitre aurait dû être une préface : mais deux raisons m’ont empêché d’en faire une. Premièrement, la plupart des lecteurs de romans, comme ma propre conscience me le rappelle, sont sujets à se rendre coupables d’un péché d’omission en ce qui concerne les préfaces ; secondement, c’est une coutume générale de cette classe de lecteurs, de commencer par le dernier chapitre du livre ; de sorte que, après tout, ces observations, quoique placées à la fin, ont beaucoup de chances d’être lues les premières, comme il leur appartient.

Il y a peu de nations en Europe qui, dans le cours d’un demi-siècle, ou un peu plus, aient subi une métamorphose aussi complète que le royaume d’Écosse. Les effets de l’insurrection de 1745, la destruction du pouvoir patriarcal des chefs montagnards,