Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/45

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Et rien ne saurait le tromper.
Rien ne lui saurait échapper :
Il est, dans sa course légère,
Plus rapide que le faucon :
Songez-y, belles qu’on révère ;
Songez-y, seigneurs du canton,
Et répétez sur la bruyère
Le refrain de notre chanson.

À peine ce lai eut-il été fini, que lord Boteler, son intéressante fille, son parent Fitzallen de Marden, et d’autres nobles convives, montèrent leurs palefrois ; la chasse s’avança alors dans un ordre convenable. Les piqueurs ayant, le soir précédent, observé avec soin les traces d’un gros cerf, purent, sans perdre de temps, conduire la troupe, au moyen des marques qu’ils avaient faites sur les arbres, vers le point du taillis où, selon le rapport de Drawslot, l’animal avait sans doute passé la nuit. Les cavaliers, s’étant postés sur la lisière du bois, attendirent que le chef des gardes entrât, suivi de son limier, animal de fort belle taille et retenu par un lien ou bande, ce qui lui faisait donner le nom de Bandog.

Mais voici ce qui arriva. Un jeune cerf de deux ans qui se reposait sous le même abri que l’autre, objet de la poursuite des chasseurs, vint à être lancé d’abord et s’enfuit du taillis, passant très-près de l’endroit où se trouvaient lady Emma et son frère : un valet sans expérience, qui était le plus près d’eux, lâcha tout à coup deux forts lévriers qui s’élancèrent après le fugitif avec toute la rapidité de l’aquilon. Grégoire, à qui la scène animée qui l’entourait avait rendu un peu d’assurance, suivit les lévriers, les encourageant de ses bruyants taïauts. Cette circonstance lui attira les malédictions bien sincères des chasseurs et du baron, qui suivaient la chasse avec toute l’ardeur de jeunes gens de vingt ans. « Puisse cet animal être désarçonné ! dit Albert Drawslot. Je lui disais que nous devions poursuivre un cerf de première classe, et il lance les lévriers sur un jeune daim. Par saint Hubert ! puissé-je à l’avenir ne plus lancer de lévriers si je ne brise avec mon arbalète la tête de cet animal. Mais, à moi, seigneurs et maîtres ! la noble bête est encore dans ce taillis, et, grâce aux saints, nous possédons encore assez de lévriers. »

Le bois ayant alors été battu, dans toutes les directions, par les gens de la suite, le cerf fut obligé de l’abandonner et de chercher son salut dans la fuite. On lança sur lui trois lévriers qu’il devança, après avoir couru quelques milles, en se précipitant dans une fougeraie qui s’étendait sur le penchant de la colline. Les