Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/448

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port de la secrétairerie d’état, pour qu’il fît le voyage à ma place. Comme il devait principalement vous chercher, son voyage serait maintenant sans objet. Il connaît votre histoire ; vous dînerez ensemble à Huntingdon ; et peut-être qu’en réunissant vos lumières, vous trouverez quelque moyen de continuer votre voyage vers le nord, sans danger ou au moins le plus sûrement possible ; et maintenant (en tirant une cassette de maroquin), permettez-moi de vous mettre en fonds pour la campagne. » — « Je suis confus, mon cher colonel. »

« En toute occasion, répondit le colonel Talbot, ma bourse est à votre disposition ; mais cet argent est à vous. Votre père, prévoyant le cas où vous seriez condamné pour haute trahison, m’a laissé ce dépôt pour vous. Ainsi vous possédez 15,000 livres, indépendamment de Brerevood-Lodge, une fort jolie fortune, je vous assure. Voici des billets pour 200 livres. Une somme plus considérable vous sera expédiée, ou des traités sur les pays étrangers, sitôt que vous en manifesterez le désir. »

Waverley se trouvant tout à coup à la tête de cette fortune, sa première pensée fut d’en profiter pour écrire au fermier Jobson, en le priant d’accepter une coupe d’argent, de la part de son ami Williams, qui n’avait pas oublié la nuit du 18 décembre dernier. Il le pria en même temps de conserver soigneusement son tartan et ses autres habits de montagnard, particulièrement ses armes, curieuses en elles-mêmes, mais auxquelles l’amitié du donateur donnait, à ses yeux, un prix inestimable. Lady Émilie se chargea de faire l’acquisition de quelque objet de nature à flatter la vanité et à plaire au goût de mistriss Williams ; et le colonel, qui était un grand amateur de l’agriculture, promit d’envoyer au patriarche de l’Ulswater un excellent attelage de chevaux pour la charrue ou pour la charrette.

Waverley passa à Londres une heureuse journée ; il voyagea de la manière projetée, et trouva Francis Stanley à Huntingdon. Les deux jeunes gens eurent fait connaissance en une minute.

« Je devine l’énigme de mon oncle, dit Stanley. Le vieux soldat, malgré toute sa prudente réserve, n’avait pas besoin de tant de détours pour me dire de vous remettre le passe-port dont je n’ai pas besoin : mais si cela tournait mal, ce serait l’équipée d’un jeune Cantabre[1] ; cela ne tire pas à conséquence. Vous êtes donc Francis Stanley, avec ce passe-port. »

  1. C’est-à-dire d’un étudiant de l’université de Cambridge, parce qu’on prétend qu’elle fut fondée par une colonie de Cantabres qu’y envoya l’empereur Probus. a. m.