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s’occupa activement de procurer à notre héros des rafraîchissements et un lit. Le feu fut bientôt rallumé, mais avec précaution, pour qu’on n’en aperçût pas la clarté de dehors. Le brave fermier coupa une tranche de jambon que Cicely fit griller en un moment, et son père y ajouta une ample cruche de sa meilleure ale. Il fut convenu qu’Édouard resterait dans la maison jusqu’après le départ des troupes, le lendemain matin ; qu’alors le fermier lui louerait ou lui vendrait un cheval, et qu’après s’être muni des meilleurs renseignements qu’il pourrait se procurer, il tâcherait de rejoindre ses amis. Un lit propre, mais un peu dur, reçut notre héros épuisé des fatigues de cette malheureuse journée.

Le lendemain on apprit que les Highlandais avaient évacué Penrith, et étaient en marche vers Carlisle ; que le duc de Cumberland était entré dans Penrith, et que des détachements de son armée parcouraient les chemins dans toutes les directions. Tâcher de passer à travers les détachements sans être découvert, eût été un acte de la plus insigne témérité.

Ned Williams (le véritable Édouard) fut appelé par Cicely et son père pour donner son avis. Ned, qui peut-être ne se souciait pas que son bel homonyme restât plus long-temps dans la même maison que sa bien-aimée (crainte de nouvelles méprises), proposa de faire quitter à Waverley son uniforme et son plaid pour l’habit du pays, après quoi il le conduirait dans la ferme de son père, près de l’Ulswater[1]. Il pourrait rester dans cette retraite paisible jusqu’à ce que les mouvements militaires eussent cessé dans le pays, et qu’il pût lui-même voyager sans péril. On fixa le prix de la pension qu’Édouard paierait au fermier pour le temps qu’il passerait chez lui, dans le cas où il voudrait partager sa table ; cette pension fut mise à un taux très-modéré, les braves et honnêtes gens au milieu desquels il se trouvait ne considérant pas sa position fâcheuse comme une raison d’exiger de lui une plus forte somme.

On se procura les habits nécessaires ; et en suivant des sentiers détournés connus du jeune fermier, ils espéraient échapper à toute mauvaise rencontre. Le vieux Repson et sa jolie fille refusèrent obstinément toute récompense pour l’hospitalité qu’ils avaient donnée à notre héros. Le premier se crut bien payé par une poignée de main affectueuse, et la seconde par un baiser. Le père et la

  1. Lac du Westmoreland.