Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/430

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des timbales et des trompettes lui fit reconnaître qu’elle était occupée par la cavalerie anglaise, qui se trouvait ainsi entre lui et les Highlandais. N’osant point s’avancer droit devant lui, il résolut alors d’éviter les dragons anglais et de faire un détour sur la gauche pour tâcher de rejoindre ses compagnons. Un sentier qui se détournait du grand chemin dans cette direction, semblait lui offrir les moyens d’accomplir son projet. Ce sentier était fangeux ; la nuit était noire et froide ; mais ces inconvénients il les sentait à peine, tourmenté qu’il était par la crainte très-raisonnable de tomber au pouvoir des cavaliers anglais.

Après avoir marché pendant environ trois milles, il arriva enfin à un petit hameau. Sachant bien que la cause qu’il servait n’était pas bien vue de la plupart des habitants de la campagne, mais désirant s’il était possible, se procurer un guide et un cheval pour se rendre à Penrith, où il espérait trouver l’arrière-garde, peut-être même le gros de l’armée du prince, il s’approcha de l’auberge du village. Il s’y faisait un grand bruit ; il s’arrêta pour écouter. Deux ou trois dragons anglais qui chantaient le refrain d’une chanson militaire, lui apprirent que ce village était aussi occupé par les troupes du duc de Cumberland. Faisant son possible pour se retirer sans le moindre bruit, et bénissant l’obscurité qu’il avait maudite jusque-là, Waverley se glissa le long d’une palissade qui lui parut être la clôture du jardin de quelque chaumière. Lorsqu’il fut arrivé à la porte de cet enclos, sa main, qu’il étendait devant lui comme un homme qui marche à tâtons, fut saisie par celle d’une femme, laquelle lui dit en même temps ; « Édouard, est-ce toi ? »