Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/428

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breux de dragons qui avaient mis pied à terre essaya d’escalader les murs, pendant qu’un autre corps aussi nombreux tenta de forcer le passage par la grande route. Mais ces deux corps furent reçus par un feu terrible qui porta la confusion dans leurs rangs et les obligea de se retirer, peu satisfaits de ce premier succès. Fergus, dont l’âme ardente semblait, à l’aspect du danger, avoir repris toute son impétuosité, Fergus mit l’épée à la main, et poussant le cri de claymore, il encouragea ses hommes, et par la voix et par l’exemple, à sortir de derrière les haies qui leur servaient de remparts et à se précipiter sur l’ennemi. S’élançant donc au milieu des dragons démontés, ils les forcèrent, l’épée à la main, à fuir à toutes jambes vers la plaine, où un grand nombre furent taillés en pièces. Mais la lune, qui parut tout à coup, laissa voir aux Anglais le petit nombre des assaillants, en désordre par leur propre succès. Deux escadrons de cavalerie se mettant en mouvement pour secourir leurs compagnons, les montagnards s’efforcèrent de regagner leurs positions derrière les haies ; mais beaucoup, et entre autres leur intrépide chef, furent enveloppés avant d’avoir pu opérer leur retraite. Waverley, cherchant des yeux Fergus dont il avait été séparé, aussi bien que du corps qui opérait sa retraite au milieu de la confusion et de l’obscurité, Waverley l’aperçut avec Evan Dhu et Callum Beg, se défendant tous trois, avec un courage désespéré, contre une douzaine de cavaliers qui les chargeaient avec leurs longs et larges sabres. En cet instant la lune se cacha entièrement sous les nuages, et Édouard, dans ces ténèbres, ne put ni porter secours à ses amis, ni trouver son chemin pour rejoindre l’arrière-garde. Après avoir failli doux ou trois fois d’être tué ou pris par des partis de cavaliers contre lesquels il alla donner au milieu de l’obscurité, il arriva à la fin à une clôture qu’il escalada ; alors il se crut sauvé, et près de rejoindre les Highlandais, dont il entendait les cornemuses à quelque distance. Quant à Fergus, Édouard n’avait plus qu’un espoir, celui qu’il avait été fait prisonnier. En pensant avec inquiétude et chagrin au sort de son ami, la prédiction du Bodach Glas se représentai son souvenir, et il se dit à lui-même avec une émotion involontaire : « Quoi donc, le diable dirait-il la vérité[1] ? »

  1. Le récit suivant de l’affaire de Clifton est extrait des mémoires manuscrits d’Evan-Pherson de Cluny, qui eut le mérite de jouer un des principaux rôles dans cette escarmouche où les deux partis déployèrent tant de bravoure. Ces mémoires paraissent avoir été écrits vers 1705, dix années seulement après la bataille ; ils fu-