Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/413

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

deux jours se passèrent sans qu’il trouvât l’occasion d’interposer sa médiation comme il en avait le projet.

Cependant Waverley mettait à profit l’instruction militaire qu’il avait puisée, au régiment de Gardiner ; il assistait le baron, dans son commandement, en qualité d’adjudant. Parmi les aveugles, les borgnes sont rois, dit le proverbe français. La cavalerie, composée principalement de gentilshommes des basses terres, de leurs fermiers, de leurs domestiques, conçut une haute idée des talents de Waverley, et un grand attachement pour sa personne. Cela venait en partie de la satisfaction qu’ils avaient ressentie en voyant un Anglais de distinction abandonner les Highlandais pour servir parmi eux ; car il y avait une inimitié secrète entre la cavalerie et l’infanterie, non seulement à cause de la différence des services, mais aussi parce que la plupart des gentilshommes qui demeuraient sur les frontières des Highlands avaient eu, à une époque ou à une autre, des querelles avec les tribus de leur voisinage, et que tous indistinctement voyaient avec un œil de jalousie les prétentions avouées des Highlandais à être regardés comme plus braves que les Lowlandais et comme plus utiles au service du prince.


CHAPITRE LVIII.

LA DISCORDE EST DANS LE CAMP DU ROI AGRAMANT.


Waverley avait pris l’habitude de chevaucher parfois à quelque distance du gros de l’armée pour aller visiter les objets curieux qui se trouvaient dans les environs. Les insurgés traversaient le Lancashire, quand notre héros, séduit par l’apparence pittoresque d’une vieille forteresse garnie de tours et de créneaux, abandonna l’escadron pour la voir de plus près et en prendre un croquis. Il revenait après avoir accompli son projet, en suivant l’avenue, quand il rencontra l’enseigne Maccomblich. Cet homme portait une sorte d’intérêt à Waverley depuis le jour qu’il l’avait vu pour la première fois à Tully-Veolan et qu’il l’avait introduit dans les Highlands. Il paraissait ralentir le pas comme pour parler à notre héros. Cependant, quand il fut arrivé auprès de lui, il se contenta de s’approcher de son étrier en prononçant ces deux mots seulement : « Prenez garde ! » Il disparut aussitôt avec la plus grande légèreté, voulant éviter toute autre conversation.