Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/410

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« Un ange avec un empire pour dot, répéta Fergus d’un ton d’ironie amère ; il n’est pas vraisemblable qu’on se tourmentera beaucoup pour faire accepter un semblable parti à un… À un esquire du comté de… Mais, monsieur Waverley, si Flora Mac-Ivor n’a pas un empire pour dot, elle est ma sœur ; et cela doit suffire au moins pour qu’on ne se permette avec elle aucun procédé qui pourrait ressembler à de la légèreté. »

« Elle est Flora Mac-Ivor, répondit avec fermeté Waverley, et si j’étais capable de traiter aucune femme avec légèreté, ce seul titre la rendrait plus respectable à mes yeux qu’aucune autre. »

Le front du chef s’obscurcit des nuages de la colère, mais Édouard était trop indigné du ton arrogant qu’il avait pris, pour détourner par aucune concession l’orage près d’éclater. Ils s’étaient arrêtés depuis la fin de ce court dialogue ; Fergus semblait à moitié disposé à ajouter quelque chose de plus violent ; mais, par un pénible effort sur lui-même, il se retint, détourna la tête, et se mit à marcher, dans un sombre silence. Comme ils avaient presque toujours marché ensemble, l’un auprès de l’autre, Waverley continua aussi de s’avancer dans la même direction, mais aussi silencieux que Fergus, bien déterminé à laisser le chef reprendre sa bonne humeur, quand il lui plairait, et à ne pas céder lui-même un pouce de sa propre dignité.

Après qu’ils eurent marché environ un mille dans ces dispositions peu amicales, Fergus recommença l’entretien d’un ton bien différent. « Je crois que j’ai été un peu trop vif, mon cher Édouard, mais vous m’avez provoqué par votre défaut de connaissance du monde. Tous vous êtes piqué à cause de quelque affectation de pruderie de Flora, ou peut-être de ses idées de loyauté exaltée ; et maintenant, comme un enfant, vous vous dépitez contre le joujou que vous demandiez en pleurant, et vous me battez, moi, votre fidèle gardien, parce que je n’ai pas le bras assez long pour le prendre à Édimbourg et vous le donner. Assurément, si je manquais de modération, la mortification de perdre l’alliance d’un homme comme vous, après que cet arrangement de famille a été le sujet de toutes les conversations dans les hautes et dans les basses terres, sans savoir comment ni pourquoi, suffirait bien pour exciter un terrible ressentiment dans un cœur plus froid que le mien. J’écrirai à Édimbourg ; je remettrai vos affaires en bon train ; c’est-à-dire, si vous le désirez ; et en vérité, je ne puis croire que votre attachement pour Flora, attachement dont