Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/393

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avant d’avoir pris mon titre, c’eût été, sans utilité, exciter des discussions prématurées et irritantes au sujet du changement de nom : tandis qu’une fois comte de Glennaquoich, je n’avais qu’à lui proposer de recevoir son ours et ses tire-bottes dans un petit coin de mon écusson, que j’aurais coupé par un pal, à moins qu’il n’eût porté la prétention jusqu’à vouloir joindre ses armes aux miennes. Bref, mon seul soin n’a été que de veiller à ce que mes armes ne fussent point déshonorées. Quant à Rose, je ne vois pas quelle objection elle eût pu faire, son père n’en faisant point[1]. » — « Peut-être les mêmes que votre sœur fait contre moi, vous-même n’en faisant aucune. »

Fergus fut étonné au dernier point de la comparaison que cette réflexion impliquait ; mais il eut la prudence de supprimer la réponse qu’il avait sur les lèvres. « Enfin, dit-il, nous aurions aisément arrangé tout cela. Je demandai donc une audience particulière ; elle me fut accordée pour ce matin. Je vous engageai à venir me joindre à mon retour, pensant, comme un fou, que j’aurais besoin de vous comme garçon de noces. N’importe ; j’exposai mes prétentions, mes droits, pour mieux dire, on ne les contesta pas ; les promesses qu’on m’a faites tant de fois et les lettres patentes dont je suis porteur, on ne fit aucune objection contre tout cela. Je demandai, comme une conséquence naturelle, à prendre le titre et le rang que me confèrent ces lettres patentes. On m’a répondu par la vieille histoire de la jalousie de C. et de M…, mes ennemis jurés, a-t-on dit. J’ai détruit cet argument ridicule en offrant de rapporter le consentement écrit de l’un et de l’autre, en vertu de la date de ma patente, antérieure à leurs prétentions sans fondement. Je vous assure que j’aurais obtenu ce consentement, eût-il fallu l’enlever à la pointe de l’épée. Alors on daigne me faire connaître les vrais motifs. On ose me dire en face qu’il faut pour le moment ne pas faire usage de ma patente, de peur de blesser ce misérable lâche, ce fainéant (nommant le chef du clan rival du sien), qui n’a pas plus de droit à être chef que moi empereur de la Chine, et qui déguise sa répugnance à prendre les armes, comme il l’a promis vingt fois, sous le prétexte, agréable à sa lâcheté, de la partialité du prince en ma faveur ; et, pour enlever à ce méprisable radoteur toute excuse pour son infâme poltronnerie, le prince m’a demandé,

  1. Tout ceci fait allusion à des détails ou droits de blason que les traités spéciaux expliqueront à ceux de nos lecteurs qui voudront les connaître. a. m.