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garnira les rayons des ouvrages les plus rares elles plus précieux ;… il prendra des points de vue, dessinera des paysages, fera des vers, bâtira des kiosques, des temples, des grottes ; par une belle soirée d’été il demeurera sous la galerie, devant sa maison, à épier les daims qui paraissent à la clarté de la lune, ou, s’enfonçant dans l’ombre épaisse formée par les rameaux de vieux chênes aux formes fantastiques… il récitera des vers à sa belle épouse qui s’appuiera sur son bras ; et ce sera un homme heureux. »

« Et elle sera une heureuse femme, » pensa la pauvre Rose. Mais elle se contenta de pousser un profond soupir, et laissa tomber la conversation.


CHAPITRE LIII.

FERGUS AMOUREUX.


Plus Waverley examinait attentivement la cour du Prétendant, moins il en était satisfait. Elle contenait (comme on dit qu’un gland renferme en germe tous les rameaux du chêne futur) des semences de divisions et de tracasseries, assez pour faire honneur à la cour d’un puissant souverain. Chaque personne considérable avait un but particulier qu’elle poursuivait avec une ardeur qui paraissait à notre héros bien au-dessus de l’importance de ce but. Chacun avait ses raisons personnelles de mécontentement, mais les plus légitimes étaient celles du vieux baron, qui ne s’affligeait que des malheurs de la cause commune.

« Nous aurons de la peine, dit-il un matin à Waverley, après avoir fait avec lui le tour du château, nous aurons de la peine à gagner la couronne obsidionale. C’était, comme vous savez, une couronne faite avec des racines ou des plantes rampantes cueillies dans la place assiégée ; peut-être avec l’herbe nommée pariétaire, parietaria ; nous ne la gagnerons pas à ce blocus ou siège du château d’Édimbourg. » Il appuya cette opinion des arguments les plus solides et des plus doctes citations. Le lecteur est sans doute peu curieux qu’on les lui répète.

Après avoir échappé au vieux baron, Waverley se rendit au logement de Fergus, qui l’avait invité à le venir voir à son retour du palais d’Holy-Rood. « Demain, avait-il dit la veille au soir à Waverley, je dois avoir une audience particulière : venez me