Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/382

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mots quels étaient ses motifs : Doué d’un esprit actif et intrigant, il avait long-temps servi, aux confidents du Chevalier, d’agent subalterne et d’espion, sans même que Fergus-Mac-Ivor s’en doutât ; car, s’il était obligé de recourir à la protection de ce chef, il ne le craignait et ne l’en détestait que davantage. Pour réussir dans cette partie, il avait naturellement cherché à s’élever par quelque coup hardi au-dessus du métier hasardeux et précaire de brigand qu’il exerçait d’abord. Il était surtout chargé de connaître la force des régiments cantonnés en Écosse, les dispositions des officiers, etc., et s’était long-temps arrêté à la compagnie de Waverley comme facile à embaucher. Donald croyait même que Waverley était au fond partisan des Stuarts, ce qui semblait confirmé par sa longue visite au jacobite baron de Bradwardine. Ainsi, quand Édouard vint à sa caverne avec un des vassaux de Glennaquoich, ce brigand, qui ne put jamais découvrir le véritable motif de cette visite, la curiosité, osa se flatter qu’il lui serait possible d’employer ses talents à quelque intrigue d’importance sous les auspices de ce jeune et riche Anglais. Il ne perdit même pas tout espoir quand Waverley, en dépit de toutes ses ouvertures, refusa de lui faire aucune communication. Ce silence parut une réserve prudente et piqua un peu Donald Bean, qui, persuadé qu’on lui cachait un secret dont la connaissance promettait de grands avantages, résolut de jouer, bon gré mal gré, un rôle dans ce drame. Il avait donc, pendant le sommeil de Waverley, dérobé son cachet pour s’en servir au besoin auprès des dragons qu’il croirait dans la confidence du capitaine. Son premier voyage à Dundee, ville où le régiment était en garnison, le détrompa sur ce qu’il avait d’abord supposé, mais lui ouvrit un nouveau champ pour agir. Il savait qu’aucun service ne serait aussi bien récompensé par les amis du Chevalier que celui d’amener sous ses drapeaux une partie de l’armée anglaise. Il se lança donc à travers les intrigues qui sont déjà connues du lecteur et qui ont fait des événements de notre histoire un écheveau si embrouillé avant que Waverley quittât Glennaquoich.

D’après les conseils du colonel Talbot, Waverley refusa de garder à son service le jeune homme dont le récit avait jeté tant de lumière sur ces machinations. « C’était, disait-il, faire tort à ce pauvre garçon que de l’engager dans une entreprise désespérée, et, à tout événement, son témoignage pourrait du moins servir à expliquer les motifs qui avaient poussé Waverley à pren-