Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/378

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

eut écouté les aventures d’Édouard, que celui-ci lui confia sans répugnance.

« Ainsi donc, reprit Talbot, il n’y avait pas préméditation, comme disent, je crois, les jurisconsultes, dans votre escapade ; et ce sont les civilités de ce Chevalier errant d’Italie et d’un ou deux de ces montagnards, sergents-recruteurs, qui vous ont enjôlé ? C’est une triste folie, à coup sûr, mais ce n’est pas encore si mal que j’imaginais. Toutefois, vous ne pouvez en ce moment même quitter le Prétendant… la chose paraît impossible. Mais je ne doute pas que, dans les divisions qui vont s’élever dans cette masse hétérogène d’hommes sauvages et violents, l’occasion ne puisse se présenter ; profitez-en, et vous sortirez encore avec honneur de cet engagement honteux, avant que la bouteille casse. Si nous en venons à bout, je vous conseille d’aller en Flandre chercher l’asile que je vous indiquerai ; et j’espère obtenir votre pardon du gouvernement après un exil de quelques mois. »

« Je ne puis vous permettre, colonel Talbot, répondit Waverley, de me conseiller une telle infamie : je n’abandonnerai pas une entreprise où je me suis engagé à la hâte, mais du moins volontairement, et avec l’intention d’en attendre l’issue.

« Eh bien, dit le colonel en riant, laissez-moi du moins penser, espérer en liberté, sinon parler. Mais avez-vous jamais examiné ce paquet mystérieux… ?

« Il est avec mes bagages, répliqua Édouard ; nous le retrouverons à Édimbourg. »

Ils y furent bientôt arrivés. Par ordre exprès du prince, on avait donné pour logement à Waverley une fort belle maison, où se trouvait un appartement pour le colonel Talbot. Son premier soin fut de fouiller dans son porte-manteau, et sans beaucoup de peine il trouva le paquet désiré. Édouard l’ouvrit avec empressement. Dans une enveloppe blanche qui avait pour toute adresse À É. Waverley, esquire, étaient un grand nombre de lettres décachetées. Les deux premières qu’il lut venaient du colonel Gardiner. Dans la plus vieille de date, était une remontrance douce et amicale pour avoir négligé les conseils qu’on lui donnait sur l’emploi du temps de son congé qui allait finir, comme le capitaine Waverley devait le savoir. « Et même, disait le colonel, même sans cette circonstance, les nouvelles du dehors, et les instructions du ministre de la guerre, m’auraient forcé de vous rappeler, parce qu’on redoute, depuis les désastres en Flandre, l’invasion étran-