Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/374

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l’église d’Angleterre est si bien connu, je ne puis croire, en vérité, qu’il se refuse à être des nôtres, quoiqu’il ait pris un masque pour s’accommoder aux circonstances. » — « Si j’en juge par le langage qu’il m’a tenu aujourd’hui, je suis forcé de ne pas partager l’opinion de Votre Altesse Royale. » — « Eh bien ! on peut toujours en essayer. Je vous remets donc le colonel entre les mains, avec plein pouvoir à son égard comme bon vous semblera ; et j’espère que vous trouverez moyen de connaître ses véritables dispositions pour le rétablissement de notre royal père. »

« Je suis convaincu, dit Waverley en s’inclinant, que si le colonel Talbot consent à donner sa parole, on peut s’y fier en toute sûreté ; mais s’il la refuse, je prie Votre Altesse Royale de charger un autre que le neveu de son ami du soin de le tenir sous la surveillance nécessaire. »

« C’est à vous seul que je le confierai, dit le prince en souriant, mais en réitérant son ordre d’un ton sérieux ; mon intérêt exige que vous paraissiez en bonne intelligence avec lui, quand même vous ne pourriez gagner réellement sa confiance. Vous le recevrez dans vos quartiers, et en cas qu’il refuse sa parole, vous le ferez garder convenablement : je vous prie de vous en occuper tout de suite ; nous retournons demain à Édimbourg. »

Ainsi forcé de revenir aux environs de Preston, Waverley perdit le spectacle solennel de l’hommage du baron Bradwardine ; mais il songeait alors si peu à tout ce qui était vanité, qu’il avait totalement oublié la cérémonie pour laquelle Fergus avait voulu piquer sa curiosité. Mais le lendemain parut une gazette officielle contenant les détails de la bataille de Gladsmuir, ainsi que les montagnards aimaient à nommer leur victoire ; elle finissait par un compte-rendu de la cour tenue par le Chevalier à Penkie-House. Cette description des plus brillantes contenait le paragraphe qu’on va lire :

« Depuis le fatal traité qui raya l’Écosse du rang des nations indépendantes, nous n’avons pas encore eu le bonheur de voir ses princes recevoir et ses nobles rendre ces hommages féodaux qui, fondés sur les hauts faits de la valeur écossaise, remettent en mémoire son histoire primitive avec la belle et chevaleresque simplicité des liens qui assuraient à la couronne l’hommage des guerriers armés sans cesse pour son soutien et sa défense. Mais dans la soirée du 20, nos souvenirs ont été réveillés par une de ces cérémonies qui appartiennent aux anciens jours de la gloire