Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/369

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ment deviner que je retrouverais son neveu sous de pareils habits, et combattant pour une telle cause !… »

« Monsieur, dit Fergus fièrement, ces habits et cette cause appartiennent à des gens de naissance et d’honneur. »

« Ma position me défend d’entrer en contestation avec vous, dit le colonel Talbot ; autrement il me serait facile de vous montrer que le courage et la noblesse ne sauraient rendre bonne une cause mauvaise. Mais avec la permission de monsieur Waverley et la vôtre, monsieur, si je puis la demander, j’aurais quelques mots à lui dire sur des affaires qui concernent sa famille. » — « M. Waverley, monsieur, agit comme bon lui semble. — Vous allez, je pense, m’accompagner à Pinkie, ajouta Fergus en se tournant vers Édouard, quand vous aurez fini de causer avec votre nouvelle connaissance ? » À ces mots le chef de Glennaquoich, ajustant son plaid d’un air encore plus hautain que d’habitude, sortit de l’appartement.

Waverley n’eut pas grande peine à obtenir pour le colonel Talbot la permission de descendre dans un vaste jardin qui touchait à sa prison. Ils firent plusieurs tours en silence, le colonel paraissant chercher un moyen d’entrer en conversation ; enfin il commença :

« Monsieur Waverley, vous m’avez aujourd’hui sauvé la vie, et pourtant je remercierais Dieu de l’avoir perdue, avant de vous trouver avec l’uniforme et la cocarde des rebelles. » — « Je vous pardonne ce reproche, colonel Talbot ; il est bien intentionné, et les préjugés de votre éducation le rendent naturel. Mais il n’y a rien d’extraordinaire de rencontrer un homme dont l’honneur a été publiquement et injustement attaqué, là où il a cru avoir beau jeu pour se venger de ses calomniateurs. » — « Et je dis, moi, que votre conduite devait confirmer les bruits qui ont couru, puisque vous avez suivi le plan qu’on vous accusait de vouloir suivre. Ignorez-vous, monsieur Waverley, l’excessive désolation et même les périls où votre conduite a plongé vos plus chers parents ? » — « Les périls ! » — « Oui, monsieur, les périls !… Quand j’ai quitté l’Angleterre, votre oncle et votre père, accusés de trahison, avaient été obligés de fournir caution, et c’est à force de zèle que des amis dévoués étaient parvenus à la faire recevoir. Je suis venu en Écosse dans la seule intention de vous retirer du gouffre où vous êtes tombé ; et je n’ose songer aux maux qui vont fondre sur votre famille, maintenant que votre adhésion à la ré-