Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/347

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ils devaient réellement fidélité ; de plus, le chef de la grande branche du nord, rivale de la sienne, avait armé ses vassaux, quoiqu’il ne se fût encore prononcé ni pour le gouvernement ni le Chevalier, et par ses intrigues avait beaucoup diminué les troupes que Fergus mettait en campagne ; mais en réparation de ce malheur, on reconnaissait généralement que les hommes de Vich-Jan-Vohr, pour la bonne tenue, l’équipement, les armes et leur dextérité à s’en servir, valaient bien les meilleurs soldats qui suivissent l’étendard de Charles-Édouard. Fergus avait le vieux Ballenkeiroch pour major : cet officier, ainsi que tous ceux qui avaient connu Waverley à Glennaquoich, firent une réception amicale à notre héros, et le félicitèrent de ce qu’il venait partager leurs périls et leurs triomphes.

La route que suivit l’armée des montagnards en quittant le village de Duddingston fut pendant quelque temps la grande route d’Édimbourg à Haddington. Après avoir passé la rivière d’Esk à Musselburgh, au lieu de prendre la plaine qui borde les côtes de la mer, elle s’avança plus dans l’intérieur et vint occuper les hauteurs de Carberry, lieu déjà célèbre dans l’histoire d’Écosse, car ce fut en cet endroit que la séduisante Marie se remit aux mains de ses sujets rebelles ; on prit cette direction, parce que le Chevalier avait appris que l’armée du gouvernement, venue par mer d’Aberdeen et débarquée à Dunbar, avait passé la nuit à l’ouest d’Haddington, avec le projet de côtoyer la mer et d’approcher d’Édimbourg par la route basse. En occupant les hauteurs qui dominent cette route en plusieurs points, on espérait que les montagnards trouveraient l’occasion d’attaquer avec avantage. L’armée s’arrêta donc sur cette éminence, d’abord pour prendre du repos, ensuite parce que cette position centrale permettait de marcher à l’ennemi dès qu’on le jugerait convenable. Pendant cette halte, arriva à toute bride un messager qui avertit Mac-Ivor que le prince le demandait, ajoutant que les avant-postes avaient eu une escarmouche avec la cavalerie anglaise, et que le baron Bradwardine avait envoyé plusieurs prisonniers.

Waverley sortit des rangs pour satisfaire sa curiosité, et aperçut bientôt cinq ou six cavaliers, couverts de poussière, qui venaient au grand galop pour annoncer que l’ennemi était en pleine marche, vers l’ouest, le long de la mer. En avançant un peu plus loin, il fut arrêté par un gémissement qui partait d’une chaumière. S’en étant approché, il entendit une voix qui, dans le