Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/341

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de la caverne, qui semblait toujours lui échapper quand il était au moment de le saisir. Mais ce n’était pas le temps de satisfaire sa curiosité ; il refusa le bonjour, c’est-à-dire la goutte du matin, que lui offrait mistress Flockhart, et peut-être fut-il le seul homme dans l’armée du Chevalier qui n’eût pas accepté une invitation si aimable ; il lui fit ses adieux, et partit avec Callum.

« Callum, dit Waverley en descendant une petite rue sale qui conduisait à l’entrée sud de la Canongate, où trouverai-je un cheval ? »

« Que diable demandez-vous là ? répondit Callum ; Vich-Jan-Vohr, pour ne pas parler du prince qui fait tout comme lui, marche à pied en tête de son clan, sa targe sur l’épaule ; il vous faut suivre son exemple. » — « Eh bien ! je le suivrai, Callum ; donnez-moi ma targe… la voilà tout arrangée. Suis-je bien ? » — « Vous ressemblez au brave montagnard peint au-dessus du grand cabaret qu’on appelle Luckie Middlemass, » répondit Callum, croyant, je dois le dire, faire un joli compliment ; car, suivant lui, l’enseigne de Luckie Middlemass était un vrai chef-d’œuvre. Waverley, qui ne comprit pas toute la force de cette honnête comparaison, ne lui adressa plus la parole.

Lorsqu’ils se furent tirés des faubourgs sales et laids de la capitale et marchèrent en pleine campagne, Waverley sentit doubler sa force et son courage ; il promena avec calme ses souvenirs sur les événements de la soirée précédente, et considéra sans crainte ni faiblesse la journée qui se préparait.

Lorsqu’il eut gravi la petite colline de Saint-Léonard, le Parc du Roi ou la vallée profonde qui s’étend entre la montagne d’Arthur’s Seat et les éminences sur lesquelles Édimbourg est à présent bâtie du côté du midi, se déroula sous ses pieds et présenta une vue bizarre et animée. Elle était occupée par l’armée des montagnards, qui se préparait alors à partir. Waverley avait vu quelque chose d’approchant à la chasse où il accompagna Fergus Mac-Ivor ; mais c’était sur une échelle beaucoup plus petite, et la scène était incomparablement moins intéressante. Les rochers qui formaient le fond du tableau, le rivage lui-même, retentissaient des accords des joueurs de cornemuse, chacun réveillant par un air particulier son chef et son clan. Les montagnards, qui avaient eu la terre pour couche et le ciel pour rideaux, se levant avec le tumulte et le désordre d’une multitude confuse et irrégulière, comme des abeilles alarmées et sortant de leurs ruches,