Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/330

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« C’est un scandale, dit le jeune montagnard ; mais nous partagerons ce qui me reste encore de mon subside. Vous pourrez du moins passer une nuit tranquille, et demain vous serez comme nous tous, car nous aurons tous des provisions, d’une façon ou d’une autre, avant le coucher du soleil. » Waverley, en rougissant jusqu’aux oreilles, mais avec beaucoup d’empressement, fit au baron les mêmes offres.

« Je vous remercie tous deux, mes chers enfants, dit Brawardine, mais je n’entamerai pas votre peculium ; le bailli Mac Wheeble a trouvé la somme nécessaire. »

À ces mots, le bailli sauta et tressaillit sur sa chaise ; il semblait tout déconcerté. À la fin, après avoir craché cinq ou six fois et protesté en termes rebattus de son dévouement au service de Son Honneur, nuit et jour, à la vie et à la mort, il se mit à insinuer que les argentiers avaient transporté toutes leurs espèces au château ; que sans doute Sandie Goldie, l’orfèvre, ferait beaucoup pour Son Honneur, mais qu’il y avait bien peu de temps pour compléter la somme ; qu’ainsi donc, si le colonel ou M. Waverley pouvait arranger… »

« Que je n’entende pas de ces sottises, monsieur, dit le baron d’un ton qui rendit Mac Wheeble muet ; mais agissez comme nous en sommes convenus avant dîner, si vous souhaitez rester à mon service. »

À cet ordre péremptoire, le bailli, quoiqu’il se crût réellement condamné à souffrir une transfusion de son propre sang dans les veines du baron, n’osa faire aucune réponse. Toutefois, après s’être quelque temps agité sur sa chaise, il s’adressa à Glennaquoich, et lui dit que si Son Honneur avait plus d’argent disponible qu’il ne lui en fallait pour solder ses troupes, il pouvait le placer sûrement et à bon intérêt entre les mains du baron.

À cette proposition, Fergus éclata de rire, et répondit, quand il eut repris son sérieux : « Mille remerciments ! bailli ; mais vous saurez que nous avons l’habitude, nous autres soldats, de prendre notre hôtesse pour banquier… Mistriss Flockhart, » dit-il en tirant cinq ou six larges pièces d’or d’une bourse bien remplie, et en faisant sonner la bourse elle-même et ce qu’elle contenait encore, dans le creux de sa main ; « voilà de quoi pourvoir à mes besoins ; prenez le reste : soyez mon banquier, si je vis, et mon légataire, si je meurs. Mais ayez soin de donner quelque chose aux