Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/320

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dieu des combats. Monsieur Waverley voudra-t-il nous honorer de son avis dans une circonstance si critique ? »

L’honneur d’être ainsi consulté fit rougir Waverley de plaisir et de modestie ; il répondit au prince, avec autant d’esprit que de promptitude, qu’il n’osait pas donner son opinion comme fruit d’une longue expérience, mais que l’avis qui lui serait le plus agréable devait être à coup sûr celui qui lui donnerait le plus tôt l’occasion de prouver son dévouement au service de Son Altesse Royale.

« C’est parler comme un Waverley ! répliqua Charles-Édouard ; et pour que vous teniez un rang tant soit peu digne de votre nom, permettez-moi, au lieu du grade de capitaine que vous avez perdu, de vous offrir celui de major dans mon armée, avec l’avantage de servir comme aide-de-camp auprès de ma personne, jusqu’à ce que je puisse vous donner un régiment, ce qui, j’espère, ne peut tarder long-temps. »

« Votre Altesse Royale m’excusera, répondit Waverley en se rappelant Balmawhapple et sa petite troupe, si je refuse d’accepter aucun grade avant d’être en temps et lieux où mon crédit puisse me donner un bataillon, de manière à m’employer utilement au service de Votre Altesse. En attendant j’espère que vous me permettrez de servir comme volontaire sous les ordres de mon ami Fergus Mac-Ivor. »

« Du moins, dit le prince, évidemment charmé de cette proposition, permettez-moi d’avoir le plaisir de vous armer à la façon des montagnards. » À ces mots, il détacha le sabre qu’il portait, dont le ceinturon était couvert d’argent, et la poignée richement travaillée. « Cette lame, dit le prince, est une véritable André Ferrara[1] ; c’est une espèce d’héritage dans notre famille, mais je suis persuadé qu’elle est maintenant en meilleures mains que dans les miennes, et j’y joindrai des pistolets de la même fabrique. Colonel Mac-Ivor, vous devez avoir beaucoup de choses à dire à votre ami, je ne vous empêcherai pas plus long-temps de causer ensemble : mais songez-y, nous comptons sur vous deux pour ce soir. C’est peut-être la dernière nuit où nous pourrons rire dans ces appartements ; et comme nous allons au combat avec une conscience pure, il faut passer joyeusement la veille de la bataille. »

Ainsi congédiés, le chef et Waverley sortirent de la salle,

  1. Fameux armurier italien.