Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/305

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ses observations météorologiques et tandis qu’il s’amusait à siffler l’air de Nancy Dawson ; il riposta, mais sans succès, et ses camarades, éveillés par le bruit, coururent aussitôt vers l’endroit d’où était parti le coup. Le montagnard, après leur avoir donné le temps de l’apercevoir, s’enfonça dans les buissons, car sa ruse de guerre avait parfaitement réussi.

Pendant que les soldats poursuivaient leur audacieux ennemi dans cette direction, Waverley, obéissant aux instructions du montagnard resté près de lui, parcourut à toutes jambes l’espace par où son guide voulait d’abord le conduire, et qui n’était plus ni surveillé, ni gardé, puisque l’attention du détachement était occupée ailleurs ; après un quart de mille, ils arrivèrent au sommet d’une petite colline où il était impossible qu’on les aperçût. Cependant ils entendaient encore dans le lointain les cris des soldats qui s’appelaient les uns les autres au milieu de la bruyère, et distinguaient aussi dans la même direction le bruit éloigné d’un tambour battant un rappel ; mais ces sons hostiles retentissaient bien loin derrière eux et mouraient avec la brise qui les apportait.

Après une demi-heure de marche à travers une campagne toujours nue et stérile, il rencontrèrent un vieux tronc de chêne qui, à en juger par les restes, devait avoir été d’une grandeur extraordinaire. Dans un creux voisin ils trouvèrent plusieurs montagnards avec un ou deux chevaux. Ils les avaient à peine joints, et le surveillant de Waverley leur expliquait sans doute le motif de leur retard, car on répéta souvent le nom de Duncan-Duroch, quand Duncan lui-même parut, hors d’haleine, il est vrai, comme s’il avait couru pour échapper à un péril, mais riant et tout joyeux de la réussite du tour qu’il avait joué à ceux qui le poursuivaient. Waverley n’eut pas grand peine à comprendre que cet emploi était facile à un montagnard agile, connaissant parfaitement les lieux et se dirigeant avec une certitude et une confiance qui devaient manquer à ses ennemis. L’alarme qu’il avait donnée paraissait durer encore, car on entendit à une grande distance un ou deux coups de fusil qui ne firent qu’augmenter la gaieté de Duncan et de ses compagnons.

Le montagnard reprit les armes qu’il avait données à notre héros, lui faisant comprendre qu’ils étaient heureusement échappés au péril du voyage. Waverley monta alors sur un des chevaux, secours que les fatigues de la nuit et sa maladie récente