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pris. Au contraire, elle était bientôt après sortie de la chaumière, et ce ne fut qu’en fermant la porte que, favorisée par l’obscurité, elle fit à Waverley un sourire d’adieu et une œillade d’intelligence puis s’enfonça dans la ténébreuse vallée.

Le jeune montagnard fut à plusieurs reprises envoyé par ses camarades, comme pour reconnaître le pays ; enfin, quand il fut de retour pour la troisième ou quatrième fois, toute la troupe se leva et fit signe à Waverley de la suivre. Mais avant de partir il serra la main de la vieille Janet, qui l’avait si bien soigné, et lui donna des marques plus positives de sa reconnaissance pour ses bons offices.

« Dieu vous bénisse, capitaine Waverley ! Dieu vous protège ! » dit Janet en bon écossais des basses terres, quoiqu’il ne lui eût pas encore entendu prononcer une syllabe autrement qu’en langue gaëlique. Mais l’impatience de son escorte l’empêcha de demander des explications.


CHAPITRE XXXVIII.

AVENTURE NOCTURNE.


Il y eut un moment de halte quand toute la troupe fut sortie de la chaumière, et le chef des montagnards, que Waverley, en recherchant dans sa mémoire, crut reconnaître pour le vigoureux gaillard qui servait de lieutenant à Donald Beau Lean, commanda par des signes et des demi-mots le plus profond silence. Il remit à Édouard une épée et une paire de pistolets, puis, montrant la route, lui mit la main sur la poignée de sa claymore, comme pour lui faire comprendre qu’il leur faudrait peut-être recourir à la force pour se frayer un passage. Il se plaça alors à la tête de sa troupe, qui monta le sentier sur une seule file, à la mode des Indiens. Waverley était à côté du chef, qui s’avançait avec beaucoup de précaution, comme pour ne pas donner l’alarme, et s’arrêta quand il fut au haut de la montée. Waverley en comprit bientôt le motif, car il entendit à peu de distance une sentinelle anglaise crier : « Tout est bien[1] ! » Sa voix sonore, portée sur les ailes du vent, retentit jusque dans les broussailles de la vallée, et

  1. Ce cri, all’s well, répond à celui qui est en usage parmi les sentinelles françaises pour se tenir sur leurs gardes pendant la nuit : « Sentinelles, prenez garde à vous. a. m.