Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/298

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sortirent de la hutte avec leurs armes : deux seulement restèrent, un vieux et un jeune. Le premier déshabilla Waverley et bassina ses contusions, qu’on pouvait aisément voir à la couleur violette et livide de la peau. Il put changer de linge, car les montagnards n’avaient point oublié de prendre son porte-manteau, qu’on lui rendit, à sa grande surprise, sans qu’il y manquât la moindre chose. Les draps du lit étaient propres, les matelas assez bons, et son vieux surveillant ferma la porte de cette armoire, car il n’y avait point de rideaux, après avoir prononcé quelques mots gaëliques où Waverley crut comprendre qu’il l’engageait à prendre du repos. C’est ainsi que notre héros se trouvait pour la seconde fois entre les mains d’un Esculape montagnard, mais dans une situation bien moins agréable que quand il était l’hôte du digne Tomanrait.

La fièvre occasionnée par les contusions qu’il avait reçues dura plus de trois jours ; mais enfin, grâce aux soins de son surveillant et à la vigueur de sa constitution, il parvint à se mettre debout sur son lit, quoique non sans peine. Mais il remarqua que la vieille femme qui lui servait de garde-malade et le vieux montagnard n’avaient point l’air trop disposés à permettre que le panneau de son armoire restât ouvert, et il crut pouvoir s’amuser un peu de leur embarras. Mais à la fin, quand Waverley eut ouvert nombre de fois la porte de sa cage qu’on venait aussitôt refermer, l’homme de la montagne mit fin à ce jeu en l’assujettissant à l’extérieur par un clou si solide qu’il fut impossible d’ouvrir le panneau avant qu’on l’eût déverrouillé en dehors.

Tandis qu’il réfléchissait sur cet esprit de contradiction chez des gens dont la conduite à son égard n’indiquait aucune malveillance, et qui même pour toute autre chose semblaient ne consulter que son bien-être et ses désirs, notre héros se rappela que, pendant la plus forte crise de sa maladie, il avait vu une figure de femme, plus jeune que sa vieille garde, s’approcher de son lit. Il y avait, à vrai dire, bien de la confusion dans ce souvenir ; mais ses soupçons furent confirmés lorsqu’en prêtant une oreille attentive il lui arriva plus d’une fois dans le cours de la journée d’entendre une autre voix de femme causer tout bas avec sa surveillante. Qui peut-elle être ? et pourquoi semble-t-elle vouloir se cacher ? Son imagination se mit aussitôt en campagne et lui montra Flora Mac-Ivor. Mais après s’être bercé quelques minutes de son vif désir de croire qu’elle était près de lui, veillant