Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/290

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ma maison est aux ordres des gens qui servent leur pays. »

« Je ne parle pas de nourriture charnelle, répondit le covenantaire en regardant le major avec un sourire méprisant ; toutefois, je vous remercie ; mais les traîneurs sont restés à attendre le précieux M. Jabesh Rentowel pour assister à l’exhortation du soir. » — « Et quand les rebelles sont prêts à se répandre à travers le pays, comment avez-vous pu, monsieur, laisser la plus grande partie de votre troupe au sermon d’un prédicateur ambulant ? »

Gilfillan sourit encore d’un air de mépris en faisant cette réponse indirecte : « Ainsi donc les enfants de ce monde sont plus sages aujourd’hui que les enfants de la lumière ! »

« Pourtant, monsieur, dit le major, puisque vous vous chargez de conduire ce jeune homme à Stirling, et de le remettre avec ces papiers entre les mains du gouverneur Blakener, je vous prie d’observer pendant la route quelques règles de discipline militaire. Par exemple, je vous conseillerais de ne point permettre à vos hommes de tant s’écarter, mais de veiller à ce que chacun en marchant couvre son chef de file, au lieu de traîner comme une oie dans un champ ; et de peur de surprise, je vous recommande surtout de former une petite avant-garde de vos meilleurs soldats, avec une seule vedette qui précède toute la troupe, de sorte qu’en approchant d’un village ou d’un bois… » Ici le major s’interrompit. « Mais comme je vois que vous ne m’écoutez pas, monsieur Gilfillan, je suppose que je n’ai pas besoin de me donner la peine de parler davantage sur ce sujet ; vous savez indubitablement mieux que moi les mesures à prendre. Mais il est une chose que je vous prie de ne point oublier, c’est de traiter votre prisonnier sans rigueur ni impolitesse, et d’employer la sévérité à son égard seulement pour prévenir son évasion. »

J’ai lu mes instructions, dit M. Gilfillan, signées par un digne et noble seigneur, William, comte de Glencairn ; et je n’y ai point trouvé qu’il me fallût recevoir les conseils ou les ordres du major William Melville de Dairnvreckan. »

Le rouge monta jusqu’aux oreilles du major, et éclata malgré la poudre dont les couvraient ses canons frisés à la militaire, d’autant plus qu’il vit M. Morton sourire au même moment. « Monsieur Gilfillan, répondit-il avec aigreur, je vous demande mille pardons de contredire un homme de votre importance, mais pourtant il me semble, puisque vous avez été nourrisseur de bes-