Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/273

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j’espère donc que vous mériterez cette intercession de ma part, par une déclaration franche et sincère de tout ce qui est venu à votre connaissance sur chacun de ces sujets. Dans ce cas, je crois pouvoir vous assurer que la part que vous avez prise à ces criminelles intrigues n’aura pour vous d’autres fâcheuses conséquences que quelques jours de prison. »

Waverley écouta avec un grand sang-froid cette exhortation jusqu’à la fin ; mais se levant tout à coup avec une énergie qu’il n’avait pas fait paraître jusque-là : « Major Melville, puisque c’est là votre nom, dit-il, jusqu’à présent j’ai répondu à vos questions avec franchise, ou j’ai, avec calme, refusé d’y répondre, parce qu’elles ne concernaient que moi seul : mais, puisque vous me croyez l’âme assez basse pour me faire le délateur de ceux qui, quels que soient leurs torts politiques, m’ont reçu chez eux comme un hôte et comme un ami, je vous déclare que je regarde vos questions comme plus injurieuses mille fois que vos soupçons calomnieux ; et, puisque ma mauvaise fortune ne me laisse d’autre moyen de vous témoigner, pour le moment, de mon ressentiment qu’une défiance de vos insinuations, vous m’arracherez plutôt le cœur qu’une parole sur des choses que je ne puis connaître que grâce à l’aveugle confiance de mes généreux hôtes. »

M. Morton et le major se regardèrent : le premier, qui, dans le cours de l’interrogatoire, avait été à plusieurs fois pris d’accès de toux, fut contraint d’avoir recours à sa tabatière et à son mouchoir.

« Monsieur Waverley, dit le major, ma situation présente me défend également de faire ou de souffrir une insulte ; je ne prolongerai pas davantage une discussion qui pourrait bientôt se terminer par l’une et par l’autre. Je crains d’être obligé de signer un mandat de détention contre vous ; mais, provisoirement, ma maison vous servira de prison. Ne puis-je espérer que vous accepterez à souper avec nous ? » — Édouard secoua la tête en signe de refus. « Je ferai porter des rafraîchissements dans votre appartement. »

Notre héros salua et se retira. Deux constables le conduisirent à une chambre petite mais propre. Il ne toucha ni au vin ni aux mets qu’on lui offrit ; il se jeta sur son lit, harassé par les aventures fatigantes et par les agitations violentes de cette journée d’infortunes, et tomba dans un profond sommeil. C’était plus qu’il