Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/272

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C’en était trop ; environné, pressé de tous côtés par des accusations dans lesquelles de grossiers mensonges se trouvaient mêlés avec des circonstances véritables, de telle sorte qu’elles ne pourraient manquer de les rendre vraisemblables ; seul, sans amis, loin de son pays, Waverley crut que c’en était fait de son honneur et de sa vie ; appuyant sa tête sur sa main, il refusa de répondre davantage aux questions du major, puisque les réponses franches et sincères qu’il avait faites jusqu’à présent avaient servi uniquement à fournir des armes contre lui.

Sans laisser paraître ni surprise ni mécontentement de la résolution de Waverley, le major Melville continua, avec un sang-froid imperturbable, à lui adresser de nouvelles questions. « Que me sert de vous répondre ? dit tristement Édouard ; vous paraissez convaincu que je suis coupable, et dans chacune de mes répliques vous découvrez une nouvelle raison en faveur de l’opinion que vous avez conçue d’avance. Jouissez donc de votre triomphe supposé, et ne me tourmentez pas davantage. Si je suis coupable de la lâcheté et de la trahison que vos soupçons font peser sur moi, je ne mérite pas que vous ajoutiez foi à aucune de mes réponses. Si ces soupçons sont injustes, et Dieu et ma conscience sont témoins qu’ils le sont, je ne vois pas pourquoi je prêterais, par ma franchise, des armes contre moi à mes accusateurs. Je ne vois donc aucune raison pour répondre un mot de plus, et je suis déterminé à persister dans cette résolution. » Et il reprit l’attitude d’un homme décidé à un silence triste et opiniâtre.

« Permettez-moi, dit le magistrat, de vous faire envisager quels avantages vous pourriez espérer d’un aveu sincère et sans réserve. Les jeunes gens sans expérience, monsieur Waverley, sont souvent la dupe des artifices d’hommes adroits et perfides : un de vos amis au moins (je veux parler de Mac-Ivor de Glennaquoich) peut être rangé parmi ces derniers, et à une des premières places. Et à votre candeur apparente, à votre jeunesse, à votre ignorance des mœurs des Highlandais, on vous placerait volontiers parmi les premiers : dans une telle position, un faux pas, un moment d’erreur comme la vôtre, que je serais heureux de pouvoir considérer comme involontaire, pourraient vous être pardonnés, et je solliciterais volontiers en votre faveur. Mais vous devez nécessairement connaître les forces des seigneurs de ce pays qui ont pris les armes, leurs moyens d’attaque, leurs plans ;