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n’était pas mort, mais tout aussi propre à la vie que s’il n’eût jamais entendu un coup de pistolet. Pourtant il l’avait échappé belle, la balle lui avait effleuré la tête, et l’avait étourdi pour une minute ou deux, étourdissement que sa terreur et son trouble avaient un peu prolongé ; il ne se mit sur pied que pour demander vengeance sur Waverley, et ce fut avec peine qu’il se rendit à la proposition de M. Morton, de faire conduire l’inconnu devant le laird, comme juge de paix, et de le remettre entre ses mains. Toute l’assemblée approuva la mesure, même mistriss Mucklewrath qui venait de reprendre l’usage de ses sens. « Je ne m’oppose pas aux volontés du ministre, dit-elle en larmoyant ; il a toujours bien fait son métier, et j’espère le voir quelque jour affublé d’une belle robe d’évêque, ce qui est plus joli, je pense, que vos manteaux et vos ceintures de Genève. »

Les querelles ainsi terminées, Waverley, escorté par tous les habitants du village qui pouvaient marcher, fut conduit au château de Cairnvreckan à un demi-mille de distance.


CHAPITRE XXXI.

UN INTERROGATOIRE.


Le major Melville de Cairnvreckan, gentilhomme déjà sur l’âge, qui avait passé sa jeunesse au service, reçut M. Morton avec beaucoup d’amitié, et notre héros avec une politesse que les circonstances où se trouvaient Édouard rendaient roide et contrainte.

Le major s’informa de la blessure qu’avait reçue le forgeron ; comme elle était fort légère, et qu’Édouard n’avait agi que dans un cas de légitime défense, le major jugea qu’il devait borner le châtiment de Waverley à une petite somme, déposée entre ses mains, pour soulager le blessé.

« Je souhaiterais, monsieur, continua-t-il, qu’ici se bornât mon devoir ; mais je suis forcé de vous adresser quelques questions sur les motifs de votre voyage, à cette époque de troubles et d’agitation. »

M. Ebenezer Cruickshanks s’avança en ce moment, et communiqua au magistrat tout ce qu’il savait ou conjecturait, d’après la réserve de Waverley et les réponses évasives de Callum Beg. Il connaissait, disait-il, le cheval que montait Édouard pour appar-