Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/262

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rité maritale : « Va-t’en à la maison et sois d… ! (si je pouvais le dire) et prépare-nous à souper. »

« Et toi donc, vieux radoteur, répondit sa douce moitié, dont la colère qui jusque-là ne s’était répandue que sur toute l’assemblée, allait s’élancer impétueusement par son canal ordinaire, tu t’amuses à forger des pointes pour des épées qui ne toucheront jamais un montagnard, au lieu de gagner du pain pour ta famille, et de ferrer le cheval de ce jeune et beau gentilhomme qui arrive du nord ! Je gagerais qu’il n’a pas toujours, comme vous autres, son roi George à la bouche ; c’est un brave Gordon, pour le moins. »

Les yeux de l’assemblée se tournèrent aussitôt sur Waverley, qui profita de l’occasion pour prier le maréchal de ferrer promptement le cheval de son guide, parce qu’il désirait se remettre en route. Ce qu’il avait entendu lui suffisait pour comprendre qu’il y avait du danger à s’y arrêter plus long-temps. Les yeux du maréchal le fixèrent avec un regard de mécontentement et de soupçon, que n’atténuait nullement l’ardeur avec laquelle sa femme appuyait la demande de Waverley. « Eh bien, entends-tu ce jeune et beau gentilhomme, ivrogne maudit, fieffé vaurien.

« Et quel peut être votre nom, monsieur ? » demanda Mucklewrath. — « Peu vous importe, l’ami, pourvu que je vous paye votre travail ? »

« Mais c’est une chose importante pour le gouvernement, monsieur, répliqua un vieux fermier qui puait le whisky et la tourbe : vous ne repartirez pas avant d’avoir vu le laird. »

« À coup sûr, s’écria Waverley fièrement, vous verrez qu’il sera difficile et dangereux de m’arrêter, à moins de produire l’ordre précis. »

Il y eut un repos… puis un chuchotement dans l’assemblée…

« C’est le secrétaire Murray, — lord Louis Gordon, — peut être le Chevalier lui même ! » tels étaient les bruits qui circulaient de bouche en bouche, et on semblait de plus en plus disposé à retenir Waverley. Il essaya de leur parler avec douceur, mais son alliée volontaire, mistriss Mucklewrath, s’élança et l’interrompit dans son discours, parlant et agissant avec une violence qui était mise sur le compte d’Édouard par ceux qui s’en ressentaient. « Arrêterez-vous un gentilhomme ami du prince ? » car elle avait aussi, mais sans partager la haine des paysans, adopté l’opinion générale sur notre héros. « Osez donc le toucher ! » s’écria-t-elle en éta-