Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/246

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j’ose vous supplier, dans votre propre intérêt, de ne vous mêler à aucune de ces malheureuses intrigues, et de vous y dérober en partant le plus tôt possible pour votre heureuse patrie. Mes compliments à ma chère Flora et à Glennaquoich. N’est-il pas vrai que vous l’avez trouvée aussi belle et aussi aimable que je vous l’avais dépeinte ? »

Tel était le contenu de la lettre de miss Rose Bradwardine, dont Waverley fut également surpris et affligé. Que le baron fût devenu suspect au gouvernement par suite de la fermentation qui avait eu lieu parmi les partisans des Stuarts, c’était une chose toute naturelle et la conséquence de ses principes politiques ; mais ce qui lui semblait inexplicable, c’était que lui, qui, jusqu’au jour précédent, n’avait pas formé une pensée contraire à la prospérité de la famille régnante, pût se trouver aussi l’objet de ces soupçons.

À Tully-Veolan et à Glennaquoich, ses hôtes avaient respecté ses engagements avec le gouvernement actuel, et quoiqu’il eût été témoin accidentel de différentes circonstances d’une nature à lui faire comprendre que le baron et le chef montagnard étaient du nombre de ces gentilshommes mécontents, encore assez nombreux en Écosse, cependant jusqu’au moment où ses engagements avec l’armée avaient été rompus par sa destitution, il n’avait eu aucune raison de supposer qu’ils eussent formé des projets hostiles, du moins d’une prompte exécution, contre le gouvernement établi. Cependant, il sentait qu’à moins d’embrasser tout à coup le parti que lui proposait Fergus, il lui importait de quitter sans délai un voisinage qui pouvait le compromettre autant, et de se rendre, sans perdre de temps, sur les lieux où il pourrait soumettre sa conduite à un examen, et l’expliquer d’une manière satisfaisante. Il se détermina donc à peu près pour ce dernier parti, d’autant plus qu’en agissant ainsi, il suivait le conseil de Flora, et que d’ailleurs l’idée de contribuer à amener sur son pays le fléau d’une guerre civile, lui inspirait une répugnance inexprimable. Une réflexion calme lui disait que quels que fussent les droits primitifs des Stuarts, Jacques II, sans prétendre décider s’il pouvait disposer de ceux de sa postérité, avait du moins abdiqué les siens à la voix unanime de la nation. Depuis cette époque, quatre monarques avaient régné glorieusement et paisiblement sur l’Angleterre, soutenant chez l’étranger l’honneur de la nation, et lui conservant dans l’intérieur sa liberté et ses