Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/237

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Flora, il y a un moment, se diriger du côté de la cascade ; suivez-la, mon cher, suivez-la. Ne donnez pas à la garnison le temps de se fortifier dans ses projets de résistance, alerte à la muraille ! Allez chercher Flora, et connaître sa décision le plus tôt possible, et que Cupidon vous accompagne ! pendant ce temps je vais m’occuper d’examiner des caisses de ceinturons et de cartouches. »

Waverley monta le petit vallon avec un cœur palpitant d’inquiétude. L’amour, et toutes les sensations diverses d’espoir, de désir et de crainte qui forment son cortège ordinaire, se mêlaient à des sentiments d’un genre moins facile à définir. Il ne pouvait s’empêcher de se rappeler à quel point cette matinée venait de changer son sort, et dans quelle complication d’embarras elle semblait devoir le jeter. Le matin même encore, il possédait un grade distingué dans l’honorable profession des armes ; son père, suivant toute apparence, s’élevait rapidement en faveur auprès de son souverain : et tout ceci s’était évanoui comme un rêve. Dans l’espace de quelques heures, il voyait son père disgracié, lui-même déshonoré et devenu le confident, sinon le complice involontaire, de complots coupables et dangereux qui devaient entraîner le renversement du gouvernement qu’il avait servi, on la perte de tous ceux qui y auraient participé. Et quand même Flora accueillerait favorablement ses vœux, quelle perspective avait-il de pouvoir réaliser des projets de bonheur, au milieu du tumulte de l’insurrection qui se préparait ? ou comment oserait-il lui proposer de quitter le frère qu’elle aimait si tendrement pour se retirer avec lui en Angleterre, et y rester spectatrice tranquille du succès de l’entreprise de ce frère ou de la ruine de toutes ses espérances ?

Et d’un autre côté, s’engager sans aucun autre secours que celui de son bras dans le parti dangereux et irréfléchi que lui proposait le chef, se laisser entraîner par lui dans ses tentatives les plus désespérées en lui abandonnant le droit de juger et de décider de la prudence de ses actions, c’était une perspective qui n’était pas très-flatteuse pour l’amour-propre de Waverley, quoiqu’il ne pût s’arrêter à aucune autre conclusion, excepté dans le cas où Flora rejetterait ses vœux ; et dans l’état d’angoisses auquel le livrait l’effervescence de son esprit, il ne pouvait supporter l’amertume que renfermait pour lui une telle pensée. Tout en méditant sur ce que l’avenir lui offrait d’incertitude et de