Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/235

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cidé que vous m’y accompagnerez, vous saurez tout ; autrement cette confidence pourrait vous être nuisible. » — « Mais avez-vous sérieusement le projet de prendre les armes contre un gouvernement établi, avec des forces aussi inférieures ? c’est une véritable démence. » — « Laissez faire à don Antoine[1], j’aurai soin de moi. Dans tous les cas nous imiterons Conan, qui ne recevait pas un coup sans en donner deux. Je ne voudrais pas cependant, ajouta le chef, que vous me prissiez pour un fou qui ne sais pas attendre l’occasion favorable ; je ne lâcherai pas mes chiens que le gibier ne soit levé. Mais encore une fois, voulez-vous vous joindre à nous, et vous saurez tout ? »

« Comment le puis-je, dit Waverley, moi qui si récemment occupais un rang dans l’armée, et dont la démission est encore en route. En l’acceptant n’avais-je pas pris l’engagement de la fidélité, n’avais-je pas reconnu la légitimité du gouvernement ? »

« Un engagement téméraire, dit Fergus, ne nous lie pas par des chaînes de fer, surtout quand celui qui le contracta était la dupe d’une erreur, et qu’il fut récompensé par un outrage. Mais si vous ne pouvez vous décider immédiatement pour un parti qui vous offre une vengeance glorieuse, allez en Angleterre, et avant d’avoir traversé la Tweed, vous apprendrez des nouvelles dont le bruit retentira dans le monde entier ; et si votre oncle, sir Éverard, est encore ce brave et loyal chevalier dont le portrait m’a été fait par quelques-uns de nos braves gentilshommes de 1715, il vous trouvera un plus beau régiment, et surtout une meilleure cause que celle que vous venez de quitter. » — « Mais votre sœur, Fergus ? »

« Oh ! véritable latin femelle, s’écria le chef en riant, comment peux-tu tourmenter ainsi ce pauvre garçon ? Mais dites-moi, Édouard, n’avez-vous que les femmes dans la tête ? »

« Parlons sérieusement, je vous en prie, mon cher ami, dit Waverley ; je sens que le bonheur de ma vie entière dépend de la réponse que miss Mac-Ivor va faire à l’aveu que j’ai osé risquer ce matin ! »

« Et est-ce là ce que vous appelez parler sérieusement ? dit Fergus, ou sommes-nous encore dans les domaines de la fiction ou du roman ? » — « Je parle très-sérieusement : comment pourriez-vous supporter que je voulusse plaisanter sur un pareil sujet. »

« Alors, reprit son ami, je vous répondrai très-sérieusement

  1. Phrase du texte. a. m.