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Au milieu d’une grenouillère,
Et des étangs et des forêts,
Les lièvres, les daims et les biches,
Et les chevreuils par les limiers
Sont poursuivis jusqu’aux halliers,
En gibier tous les ans si riches ;
Là du chasseur le coup certain
Vous a suffi pour mettre à terre
Quatre-vingts daims, qui vont vous faire
L’indigne et copieux festin.
Vos plaisirs, terre des campagnes,
Sont tout aussi bas que vos champs.
Les jeux et l’esprit des montagnes
Sont plus élevés et plus grands.


Mais, sans tyranniser davantage mes lecteurs, et sans déployer l’étendue de mes propres connaissances, je me contenterai d’emprunter un seul incident de la chasse mémorable de Lude, consignée dans l’Essai de l’ingénieux M. Gunn sur la harpe calédonienne, puis je continuerai mon récit avec toute la brièveté que me permettra mon style naturel, joint à ce que les écoliers appellent la périphrase et les ambages, et le vulgaire, des circonlocutions.

Diverses causes retardèrent la chasse solennelle pendant trois semaines. Waverley passa ce temps dans une satisfaction parfaite à Glennaquoich ; car l’impression que Flora avait faite sur son âme à leur première entrevue augmentait chaque jour. Elle avait précisément le caractère propre à charmer un jeune homme d’une imagination romanesque. Ses manières, son langage, ses talents dans la poésie et dans la musique, ajoutaient une influence variée à ses charmes personnels. Même dans ses heures de gaieté, elle paraissait, à son imagination exaltée, au-dessus des filles ordinaires d’Ève, et ne semblait s’abaisser que pour un instant à ces sujets d’amusement et de galanterie pour lesquels seuls les autres semblent vivre. Dans la société de cette enchanteresse, tandis que la chasse employait les matinées, la musique et la danse remplissaient les heures de la soirée, Waverley était de plus en plus charmé de son hôte hospitalier, et plus épris de sa séduisante sœur.

Enfin arriva l’époque fixée pour la grande chasse, et Waverley et le chef se dirigèrent vers le lieu du rendez-vous, qui était à une journée de distance au nord de Glennaquoich. En cette occasion, Fergus était accompagné d’environ trois cents hommes de son clan, bien armés et complètement équipés. Waverley se conforma aux coutumes du pays jusqu’à adopter leurs trews (il