Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/208

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« Salut, ô dame du désert,
Qui du Gaël aimes la lyre
Et le poétique délire.
Toi dont l’œil au jour s’est ouvert
Loin de la source qui m’inspire
Et de ces champs au tapis vert ! »


« Mais la poésie anglaise ne réussira jamais sous l’influence d’un Hélicon des Highlands. »


« Allons, courage,
Vous qui buvez à tasse pleine
À cette heureuse fontaine
Où l’on ne voit sur le rivage
Que quelques vilains troupeaux,
Suivis de nymphes de village
Qui les escortent sans sabots[1]. »


« Trêve cher Fergus ! épargnez-nous ces personnages les plus ennuyeux et les plus stupides de toute l’Arcadie. Pour l’amour du ciel, n’allez pas nous chercher Corydon et Lindor ! » — » Eh bien, si vous n’aimez pas la houlette et le chalumeau, nous ferons entendre avec vous des chants héroïques. » — « Cher Fergus, vous avez certainement plutôt puisé des inspirations dans la coupe de Mac Murrough que dans la mienne. » — « Je m’en défends, ma belle demoiselle, quoique je proteste qu’elle serait celle des deux qui me conviendrait le mieux. Quel est celui de vos fous de romanciers italiens qui dit :


Io d’Elicona niente
Mi curo, in fe di dio ; che’l bare d’aoque
(Bea chi ber ne vuol) sempre mi spiacque[2] ?


Mais, capitaine Warerley, si vous préférez la gaëlique, voici la petite Cathleen qui vous chantera Drimmindhu. Allons, Cathleen, astore (ma chère), commencez ; pas d’excuse pour le Beart-Kinne. »

Cathleen chanta avec beaucoup de vivacité une petite chanson gaëlique, élégie burlesque d’un paysan sur la perte de sa vache, dont le ton comique fit rire Waverley plus d’une fois, quoiqu’il n’en comprît pas le langage.

« Admirable, Cathleen ! s’écria le chef : il faut que je vous trouve un joli mari parmi les hommes du clan, un de ces jours. »

Cathleen rit, rougit, et alla se réfugier derrière sa compagne.

  1. Ces vers se trouvent dans le texte anglais. a. m.
  2. Oh je me soucie peu, ma foi, de boire à la source d’Hélicon (y boira pourtant qui voudra), car je n’aime pas à boire de l’eeau. a. m.