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raison Flora avait tout employé pour opérer leur réconciliation, à laquelle le chieftain avait été le premier à consentir, attendu qu’elle favorisait quelques projets ultérieurs qu’il avait conçus.

Ce fut à cette jeune lady, faisant alors les honneurs d’un thé, que Fergus présenta le capitaine ; elle le reçut selon les usages adoptés par la politesse.


CHAPITRE XXII.

CHANTS DES HIGHLANDS.


Après les premiers compliments d’usage, Fergus dit à sa sœur : « Ma chère Flora, avant de vous quitter pour aller de nouveau présider aux coutumes barbares de nos ancêtres, je dois vous dire que le capitaine Waverley est idolâtre de la muse celtique, par la raison peut-être qu’il ne comprend pas un mot de son langage. Je lui ai dit que vous aviez traduit avec perfection la poésie highlandaise, et que Mac Murrough admirait la traduction que vous aviez faite de ses chansons, sans doute d’après le même principe qui excite l’admiration du capitaine pour l’original, c’est-à-dire que Mac Murrough admire votre ouvrage, parce qu’il ne le comprend pas. Voulez-vous avoir la bonté de lire ou de réciter à notre hôte, en langue anglaise, la série extraordinaire de noms que Mac Murrough a rassemblés dans le chant gaëlique qu’il nous a fait entendre ? Je gagerais ma vie contre un oiseau, que vous avez fait une traduction de ces noms ; car je sais que le barde vous demande des avis, et que vous connaissez ses chansons longtemps avant qu’il nous les chante dans la salle du festin. » — « Comment pouvez-vous tenir un pareil langage, Fergus ? Vous savez combien ces vers sont dépourvus d’intérêt pour un étranger, pour un Anglais, en supposant même que j’eusse pu les traduire, comme vous le pensez. » — « Vous vous trompez, ma chère sœur ; ces vers intéresseront autant le capitaine qu’il m’intéressent moi-même. Aujourd’hui vos compositions (je persiste à dire que vous participez à celle du barde) m’ont coûté la dernière coupe d’argent du château, et je suppose qu’elles me coûteront quelque chose de plus la première fois que je tiendrai cour plénière, si la muse descend sur Mac Murrough ; car vous connaissez notre proverbe : « Quand la main du chef cesse de donner, le génie du barde ne tarde point à se glacer. » Aujourd’hui trois choses sont inutiles à un Highlandais, son épée qu’il ne