Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/175

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délicieux entre deux collines, traversé par un petit ruisseau qui se dirigeait vers le lac. Quand ils eurent fait un peu de chemin, Waverley renouvela ses questions sur l’hôte de la caverne. — « Demeure-t-il toujours dans le souterrain ? » — « Oh non ! Bien fin celui qui pourrait dire en quels lieux il se trouve chaque jour. Il n’y a pas un trou, un antre, une grotte, une caverne dans tout le pays que Donald ne connaisse. » — « D’autres que votre maître lui accordent-ils protection ? »

« Mon maître ? Mon maître est dans le ciel ! » répondit Evan avec fierté ; et reprenant aussitôt son ton ordinaire de politesse : « Mais vous voulez parler de mon chef ; non, il n’accorde pas protection à Donald Bean Lean et à ceux de son espèce ; mais, ajouta-t-il en riant, il lui accorde le bois et l’eau. » — « Je pense, Evan, que ce n’est pas leur accorder grand’chose ; car le bois et l’eau sont en abondance dans ce pays. » — « Vous ne comprenez pas. Qui dit le bois et l’eau dit les montagnes et le lac ; et j’imagine que si le laird se mettait avec une trentaine d’hommes, à la poursuite de Donald dans le bois de Kailychat, il n’aurait pas plus beau jeu que si moi ou quelque autre joli garçon conduisions nos barques à la caverne du Roi. » — « Mais supposons que des troupes vinssent des basses terres pour l’attaquer, votre chef le défendrait-il ? » — « Non ! il ne brûlerait pas une amorce pour lui si l’on venait au nom de la loi. » — « Et que ferait alors Donald ? » — « Il serait forcé de quitter le pays, et de chercher un asile sur le mont de Letter-Scriven. » — « Et si on l’y poursuivait ? » — « Je pense qu’il se réfugierait chez son cousin, à Rannock. » — « Et si on allait l’y chercher ? » — « Cela n’est pas croyable ; et il n’y a pas un seul homme des basses terres qui osât passer d’une portée de fusil le défilé de Bally-Brough sans le secours des Sidier Dhu. » — « Qu’est-ce que cela ? » — « Les Sidier Dhu, ce sont les soldats noirs ; c’est le nom qu’on donne aux compagnies franches que l’on organise pour maintenir la paix, et faire observer les lois dans les montagnes. Vich-Jan-Vohr a commandé une de ces compagnies pendant cinq ans, et j’y ai servi en qualité de sergent. On les appelle Sidier Dhu à cause de la couleur de leurs tartans, comme on dit de vos hommes, les hommes du roi George, Sidier Roy ou les soldats rouges. » — « Bien, Evan ; mais quand vous étiez payés par le roi George, vous étiez certainement les soldats du roi George ? » — « C’est juste ; mais vous pouvez demander à Vich-Jan-Vohr ;