Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/158

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dent de tels titres, comme s’ils avaient tous leurs biens dans un parchemin.

Cela expliquait naturellement la cause de la querelle du baron et de son allié des montagnes. M. Bradwardine rapporta sur les mœurs, les usages et les coutumes de cette race patriarcale, des particularités qui piquèrent tellement la curiosité d’Édouard, qu’il demanda au baron s’il ne serait pas possible de faire une excursion dans ces montagnes, dont il avait aperçu au loin l’imposante barrière, et qu’il avait un extrême désir de connaître. Le baron lui répondit que rien ne serait plus facile, sitôt que les hostilités seraient finies, parce qu’alors il lui donnerait des lettres pour les principaux chefs, qui le recevraient dans leurs manoirs avec toute la courtoisie possible.

La conversation continuait sur ce sujet, lorsque la porte s’ouvrit, et que l’on vit entrer dans l’appartement un Higlandais en costume de guerre complet, et introduit par Saunderson. Si le sommelier n’eût pas rempli avec calme et dignité sa charge de maître de cérémonies ; si M. Bradwardine et sa fille n’eussent pas gardé leur sang-froid, Édouard eût certainement cru voir entrer un ennemi. Il tressaillit néanmoins, parce que c’était la première fois qu’il voyait un montagnard d’Écosse dans le vrai costume national. Ce Gaël était un jeune homme vigoureux, au teint brun, de petite taille ; l’art avec lequel son plaid était arrangé, mettait en relief ses formes robustes. Son kilt ou jupon court montrait à nu ses jambes nerveuses ; sa bourse de peau de bouc pendait devant lui, avec un poignard d’un côté, et un pistolet d’acier de l’autre, armes ordinaires des montagnards ; sa toque portait une petite plume, qui montrait qu’il voulait être traité comme un duinhewassel, espèce de gentilhomme ; sa large épée battait à son côté, une targe ou bouclier pendait sur son épaule ; il tenait de la main gauche un long fusil espagnol ; de l’autre, il ôta sa toque ; et le baron, qui connaissait les usages des Highlandais, et savait comment on devait leur parler, lui dit aussitôt avec un ton de dignité, sans se lever, si bien qu’Édouard crut voir un souverain recevant un ambassadeur : « Soyez le bien-venu, Evan-Dhu-Maccombich ; quelles nouvelles avez-vous à me donner de Fergus Mac-Ivor Vich-Jan-Vohr ? »

« Fergus Mac-Ivor Vich-Jan-Vhor, répondit l’ambassadeur en bon anglais, offre ses salutations au baron de Bradwardine et de Tully-Veolan, et lui témoigne qu’il voit avec peine qu’un nuage