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geant tout à coup de ton, s’écria en poussant des cris perçants : « Prenez garde à vous ! prenez garde à vous ! je vois le diable assis au milieu de vous. » Une terreur extraordinaire s’empara aussitôt de tout l’auditoire, qui prit la fuite. Heureuses les personnes qui étaient près de la porte ! quel désordre, quelle déroute de chapeaux, de coiffes, de bandeaux, de perruques ; avant qu’on fût sorti de l’église, où il ne resta que notre prélatiste obstiné, pour arranger l’affaire, à bien ou mal pour lui, entre la sorcière et son admirateur. »

« Risu solvuntur tabulæ[1], dit le baron. Quand ils furent revenus de leur terreur panique, ils en furent trop honteux pour continuer le procès de Jeannette Gellatley. »

Cette anecdote jeta dans une longue discussion.


Sur tous ces vains penseurs, toutes ces fantaisies,
Devises, rêves creux, opinions chéries,
Récits et contes amusants.
Ingénieuses prophéties,
En un mot, tous ces riens qui plaisent aux enfants.


C’est par cette conversation et les légendes merveilleuses qui en furent la suite, que se termina la seconde journée du séjour de notre héros au manoir de Tully-Veolan[2].


CHAPITRE XIV.

DÉCOUVERTE. WAVERLEY SE FIXE À TULLY-VEOLAN.


Le lendemain, Édouard se leva de grand matin, et en se promenant dans les alentours du manoir, il se trouva soudain dans une petite cour, au fond de laquelle était le chenil, où l’ami Davie s’occupait à soigner les quadrupèdes qui lui étaient confiés. Il reconnut aussitôt Waverley ; et lui tournant le dos, comme s’il ne l’avait pas vu, il se mit à chanter ce fragment d’une vieille ballade :


La jeunesse aime vite et sa flamme est ardente :
Entendez-vous l’oiseau répéter un accord ?

  1. Le rire termine le procès. a. m.
  2. L’histoire qu’on vient de lire arriva, dit-on, dans le sud de l’Écosse ; mais cedant arma togæ, et que l’un rende honneur à la robe : ce fut un vieil ecclésiastique qui eut assez de sagesse et de fermeté pour résister à la terreur panique qui s’empara de ses paroissiens, et il arracha ainsi une pauvre créature folle au sort cruel qui l’attendait. Le récit des condamnations pour sorcellerie forme un des chapitres les plus déplorables de l’histoire d’Écosse. a. m.