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événements de la soirée, où Édouard comprit seulement qu’il était question des Centaures et des Lapithes.


CHAPITRE XII.

REPENTIR ET RÉCONCILIATION.


Waverley ne buvait habituellement du vin qu’avec beaucoup de modération, c’est pourquoi il dormit profondément, ne s’éveilla que fort tard le lendemain matin, et se rappela alors avec un sentiment de peine les événements de la veille. Il avait reçu un outrage personnel, lui gentilhomme, lui militaire, lui Waverley ! mais il pensait que la personne qui l’avait insulté n’avait pas dans ces moments la légère dose de bon sens que la nature lui avait accordée ; qu’en demandant réparation il violait les lois divines et les lois de son pays ; qu’il pouvait ôter la vie à un jeune homme qui s’acquittait peut-être honorablement des devoirs de la société, et porter par là la douleur dans le sein d’une famille ; qu’il pouvait lui-même être tué, et, quelque brave qu’on soit, cette alternative pesée froidement et en particulier ne peut être que très-désagréable.

Toutes ces pensées se pressaient dans son esprit ; mais la première revenait continuellement l’agiter avec la même puissance ; il avait reçu une insulte personnelle, il était de la maison de Waverley, il était capitaine : il n’y avait aucune alternative. Il descendit dans la salle du déjeuner avec l’intention de prendre congé de la famille, et d’écrire à un de ses camarades de venir le joindre à une auberge à moitié chemin de Tully-Veolan et de leur ville de garnison, afin qu’il le chargeât pour le laird de Balmawhapple du message que les circonstances semblaient réclamer. Il trouva miss Bradwardine s’occupant de la préparation du thé et du café, et la table servie ; on y voyait du pain chaud de farine de froment et d’orge, auquel on avait donné la forme de gâteaux, de biscuits et autres choses de ce genre ; et des œufs, du jambon de venaison, du mouton, du bœuf, du saumon fumé, de la marmelade, et toutes les friandises qui forcèrent Johnson lui-même à mettre les déjeuners d’Écosse au-dessus de ceux des autres pays. Un plat de gruau bouilli, et un pot d’argent qui contenait un égal mélange de crème et de lait de beurre, étaient placés devant le siège du baron : tout cela faisait son repas du matin ; mais Rose dit qu’il