Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que souffrante) église épiscopale d’Écosse. Il fut confesseur dans notre religion depuis 1715, quand une troupe de whigs détruisit sa chapelle, déchira son surplis, et vola dans sa maison quatre cuillers d’argent, son garde-manger, et deux barils, l’un d’ale simple, l’autre d’ale double, et trois bouteilles de brandy[1]. Notre quatrième convive sera mon baron-bailli et agent, M. Duncan Mac Wheeble ; on ne sait, à cause de l’ancienne orthographe, s’il appartient au clan Wheeble ou de Quibble, mais tous ont produit des légistes distingués. »


Et pendant qu’il nommait et peignait les convives,
À servir le dîner les mains furent plus vives.


CHAPITRE XI.

LE BANQUET.


Le repas fut abondant et bien servi d’après les idées écossaises de cette époque, et les convives y firent honneur. Le baron mangea comme un soldat affamé ; le laird de Balmawhapple, comme un chasseur ; Bullsegg de Killancureit, comme un fermier ; Waverley comme un voyageur, et le bailli Mac Wheeble comme tous les quatre ensemble, quoique par respect, ou pour montrer qu’il était devant son maître, il fût assis sur le bord de sa chaise, à trois pieds de distance de la table, de sorte que, pour arriver à son assiette, il formait une courbe avec son épine dorsale, et que la personne qui était vis-à-vis de lui ne pouvait voir que le haut de sa perruque.

Cette posture, qui eût beaucoup sans doute gêné tout autre, n’était nullement pénible au digne bailli, lequel depuis longtemps en avait pris l’habitude, soit qu’il fût assis, soit qu’il marchât. Nul doute que, lorsqu’il marchait, cette position de son corps ne fût indécente aux yeux des personnes qui allaient derrière lui ; mais toutes ces personnes étant ses inférieurs (car M. Mac Wheeble avait soin de céder toujours le pas à ceux qui étaient au-dessus de lui), il ne s’inquiétait pas du mépris ou de

  1. Après la révolution de 1688 et dans quelques occasions, lorsque l’esprit des presbytériens était le plus animé contre leurs adversaires, les membres du clergé épiscopal qui n’étaient pas assermentés, étaient exposés à être assaillis à coups de pierres, dans leurs maisons, pour expier leurs hérésies politiques. Mais quoique les presbytériens eussent été persécutés sous Charles II et sous son frère Jacques II, et eussent été exaspérés, c’était, dit Walter Scott, une bien petite violence exercée que celle dont il est parlé dans le texte. a. m.