Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/119

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rendu à son poste dès qu’il eut appris l’arrivée de Waverley, et qu’il annonçait alors l’arrivée d’autres hôtes.

C’étaient, comme le baron l’assura à son jeune ami, de très-estimables personnes. C’est, dit-il, le jeune laird de Balmawhapple, surnommé Falconer, de la maison de Glenfarquhar, grand amateur de la chasse, gaudet equis et canibus[1] ; du reste, jeune homme très-réservé. C’est le laird de Kiliancureit, qui a voué tous ses loisirs au labourage, à l’agriculture, et qui se vante de posséder un taureau incomparable, venu du comté de Devon (la Damnonie des Romains, si nous en croyons Robert de Cirencester) ; on peut supposer, d’après ses habitudes, qu’il est sorti d’une souche de paysans, servabit odorem testa diù[2], et je crois, entre nous, que son grand-père est venu dans le pays, du mauvais côté de la frontière ; c’était un nommé Bullsegg, qui arriva ici pour être intendant ou bailli, ou collecteur de rentes, ou quelque chose de semblable, auprès du dernier Gimigo de Kiliancureit, qui mourut d’une atrophie. Après la mort de son maître, vous croirez difficilement, monsieur, un tel scandale, ce Bullsegg, qui était de bonne mine et d’une jolie tournure, épousa la douairière, qui était jeune et amoureuse, et qui lui fit don du domaine dont elle était propriétaire par disposition testamentaire de son mari, en contravention directe à une substitution non enregistrée, et au préjudice de la vraie chair et du vrai sang du testateur, de son héritier naturel, son cousin au septième degré, Gimigo de Tipperhewit, dont la famille est devenue si pauvre par suite du procès auquel cette affaire a donné lieu, que son représentant sert maintenant en qualité de simple soldat dans la garde noire des hautes terres. Mais M. Bullsegg de Kiliancureit, qui vient en ce moment, a de bon sang dans les veines du côté de sa mère et de sa grand’mère, qui étaient toutes deux de la famille de Pickletillim, et il est très-aimé, très-considéré, et sait se tenir à sa place. Et, Dieu nous garde, capitaine Waverley, nous dont le lignage est irréprochable, de vouloir l’humilier, quand dans huit, neuf ou dix générations, sa race pourra marcher de pair avec la vieille noblesse du pays. Nous qui sommes d’un sang pur, nous ne devons pas avoir sans cesse à la bouche les mots de rang et de noblesse ; vix ea nostra voco, comme dit Ovide.

« Nous aurons, en outre, un ecclésiastique de la vraie (quoi-

  1. Il se plaît avec ses chevaux et ses chiens. a. m.
  2. Le vase en conservera long-temps l’odeur. a. m.