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— Le temps est court, dit son écuyer.

— J’ai gagné une bataille en moins de temps encore, reprit le connétable.

— Et dans cette bataille, dit le ménestrel, il périt plus d’un homme qui se croyait bien sûr de la vie et de la victoire.

— C’est ainsi que mon dangereux cousin Randal verra tomber ses projets d’ambition, » reprit le connétable ; et il partit accompagné de Raoul et de sa femme, qui étaient remontés sur leur cheval, tandis que le ménestrel et l’écuyer suivirent à pied, et par conséquent bien plus lentement.







CHAPITRE XXXI.

le retour.


Ah ! ne craignez pas, ne craignez pas, bon seigneur Jean, que je vous trahisse ou que je vienne réclamer l’acquit d’une dette que la nature ne saurait payer. Soyez témoins, puissances sacrées, et vous, lumières qui commencez à luire, cette nuit prouvera le lien secret qui unit votre foi et la mienne.
Ancienne ballade écossaise.


Restés derrière leur maître, les deux serviteurs de Hugo de Lacy marchaient en gardant un silence profond, en hommes qui ne s’aiment pas et qui se défient l’un de l’autre, quoique réunis par le même service et partageant par conséquent les mêmes craintes et les mêmes espérances. La haine, à la vérité, était toute du côté de Guarine ; car Renault Vidal n’éprouvait que la plus grande indifférence pour son compagnon. Seulement il savait que Philippe ne l’aimait pas, et que tant qu’il serait en son pouvoir, il traverserait les projets qu’il avait à cœur. Il faisait peu attention à son compagnon, mais fredonnait, comme pour se rafraîchir la mémoire, des romances et des chansons, dont plusieurs étaient composées dans des langues que Guarine, qui n’entendait que sa langue natale, ne comprenait pas.

Il y avait deux heures qu’ils marchaient de cette manière ennuyeuse, quand ils furent rencontrés par un homme à cheval, menant en laisse un palefroi tout sellé. « Pèlerins, » dit l’homme après les avoir regardés avec attention, « lequel de vous se nomme Philippe Guarine ?

— Je réponds à ce nom, à défaut d’un meilleur, dit l’écuyer.