Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 4, 1838.djvu/242

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verne assez haute pour qu’elle pût s’y asseoir à son aise, et de dimensions irrégulières et étroites. En même temps elle s’aperçut, par le bruit qu’elle entendait derrière elle, que les bandits bouchaient le passage par lequel on l’avait introduite dans le sein de la terre. Elle entendait distinctement le choc des pierres avec lesquelles on fermait l’entrée, et elle sentit que peu à peu l’air frais qui passait à travers l’ouverture diminuait, et que l’atmosphère de la loge souterraine devenait plus humide, plus terreuse et plus étouffée qu’elle ne l’était d’abord.

Au même instant parvint un son éloigné, et Éveline crut distinguer des cris, des coups, le trépignement des chevaux, les jurements, les exclamations et le bruit des combattants, mais tout était amorti par les murs grossiers de sa prison, et changé en un murmure confus, semblable à celui que nous pouvons supposer que les morts entendent partir du monde qu’ils ont quitté.

Poussée par le désespoir, en des circonstances aussi terribles, Éveline, pour obtenir la liberté de ses mains, se débattit avec une énergie qui tenait de la frénésie : elle réussit en partie à les dégager des liens qui les retenaient. Mais cela ne servit qu’à la convaincre qu’il était impossible de se sauver ; car, ayant arraché le voile qui lui couvrait les yeux, elle se trouva dans une obscurité complète, et étendant les bras précipitamment, elle s’aperçut qu’elle était enfermée dans un souterrain très-étroit. Ses mains, qu’elle promena autour d’elle, ne rencontrèrent que des morceaux de métal usés par le temps, et ce qui, en tout autre moment, l’eût fait frémir, des os vermoulus d’un mort. Cette circonstance alors ne pouvait ajouter à ses craintes, devant mourir dans un souterrain, comme il paraissait probable, tandis que ses amis et ses libérateurs étaient sans doute à quelques pas d’elle. Elle étendit ses bras pour chercher quelque voie de salut ; mais tous les efforts qu’elle faisait pour s’arracher à cette étroite prison étaient aussi infructueux que s’ils eussent été dirigés contre le dôme d’une cathédrale.

Le bruit qui avait d’abord frappé ses oreilles augmentait rapidement, et un moment il lui sembla que la voûte où elle était résonnait sous des coups répétés ou sous le poids de matières lourdes qui y étaient tombées, ou qu’on y avait jetées. Il était impossible qu’une imagination humaine résistât à ces terreurs qui l’assaillaient coup sur coup ; heureusement cela ne dura pas longtemps. Des sons confus et qui semblaient se perdre dans le loin-