Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 4, 1838.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment où le connétable donnait audience à plusieurs officiers de sa troupe, s’offrit à l’entrée du pavillon la grosse taille de Wilkin Flammock, vêtu d’une jaquette de toile blanche, et n’ayant qu’un couteau à son côté.

« Laissez-moi, messieurs, dit de Lacy, mais restez près de ma tente ; car voici quelqu’un à qui il faut que je parle en particulier. »

Les officiers se retirèrent, et le connétable et Flammock restèrent seuls. « Vous êtes Wilkin Flammock qui défendit si bien Garde-Douloureuse ?

— J’ai fait de mon mieux, milord, répondit Wilkin ; j’y étais engagé par mon marché, et j’espère toujours agir en homme d’honneur.

— Il me semble, dit le connétable, que vous, si vigoureux, et à ce qu’on m’a dit si courageux, vous pourriez viser un peu plus loin qu’au métier de tisserand.

— Personne ne refuse d’améliorer sa situation, milord, reprit Wilkin ; cependant je suis si loin de me plaindre de la mienne, que je consentirais volontiers à ce qu’elle ne fût jamais meilleure, à condition qu’on m’assurât qu’elle ne serait jamais pire.

— Mais Flammock, dit le connétable, j’ai des vues plus hautes pour vous que ne le pense votre modestie ; j’ai l’intention de te laisser le soin d’un grand dépôt.

— Que ce soient des balles de draps, milord, et personne ne s’en acquittera mieux, dit le Flamand.

— Fi ! tu as l’âme trop basse, dit le connétable ; que penses-tu d’être fait chevalier, comme ta valeur le mérite, et de devenir châtelain de Garde-Douloureuse ?

— Quant à la chevalerie, milord, faites-m’en grâce, car elle m’irait comme un casque doré à un porc. Pour la garde d’un château ou d’une cabane, j’espère m’en acquitter tout aussi bien qu’un autre.

— Je crois que ton rang a besoin d’être un peu relevé, dit le connétable en examinant l’accoutrement peu militaire de Wilkin ; il est jusqu’à présent trop bas pour convenir au protecteur et au gardien d’une dame de haut rang et d’une grande naissance.

— Moi le gardien d’une jeune dame de rang et de naissance ! » dit Flammock ; en parlant ainsi, ses grands yeux devenaient plus larges, plus clairs et plus ronds.

— Toi-même, dit le connétable ; lady Éveline se propose de demeurer au château de Garde-Douloureuse ; je cherchais à qui