Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 4, 1838.djvu/118

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signé de sa main le prouve assez. » Il plia alors le genou pour lui présenter le papier. « L’épouse de Lacy aura, comme le mérite la fille de Raymond, le rang d’une princesse ; sa veuve aura le douaire d’une reine.

— Relevez-vous, milord ; cette attitude est inutile ; car vous me présentez les ordres de mon père, qui, joints à d’autres circonstances… » Elle s’arrêta, et poussant un profond soupir, elle ajouta : « Ils me laissent à peine maîtresse de ma volonté. »

Enhardi par cette réponse, de Lacy, qui était resté jusqu’alors agenouillé, se releva avec courtoisie, et s’asseyant à côte d’Éveline, il continua ses instances, non avec le langage d’un amour passionné, mais avec la franchise d’un homme qui fait dépendre son bonheur de la réponse qu’il sollicite. La vision de l’image miraculeuse était, comme on le pense bien, l’idée qui occupait entièrement l’esprit d’Éveline ; engagée par le vœu solennel qu’elle avait fait en cette occasion, elle se vit contrainte de recourir à des réponses évasives, et peut-être elle aurait donné une réponse négative si elle n’avait écouté que la voix de son cœur.

« Milord, dit-elle, après la perte récente de mon père, je ne puis prendre une détermination précipitée dans une affaire de telle importance. Donnez-moi le temps de réfléchir et de consultes mes amis.

— Hélas ! belle Éveline, dit le baron, que mes instances ne vous offensent point. Bientôt je dois partir pour une expédition dangereuse et éloignée ; et le peu de temps qui me reste pour solliciter votre bienveillance doit excuser à vos yeux mes importunité.

— Eh quoi ! noble de Lacy, voudriez-vous, dans de telles circonstances, contracter des liens indissolubles ?

— Je suis soldat de Dieu, dit le connétable, et celui pour qui je combattrai en Palestine défendra mon épouse en Angleterre.

— Maintenant, milord, écoutez donc ma réponse, » dit Éveline Bérenger en se levant : Je me rendrai demain au couvent des Bénédictines de Gloucester, dont l’abbesse est la sœur de mon vénérable père, et je me conformerai aux conseils qu’elle voudra bien me donner.

— Votre résolution est digne de louanges, » répondit de Lacy, satisfait de voir la conférence se terminer ; » et je la crois même favorable à mon humble prière, puisque la bonne abbesse est depuis long-temps mon amie. » Il se retourna alors vers Rose, qui se préparait à suivre sa maîtresse. « Aimable fille, » dit-il, lui