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CHAPITRE PREMIER.


Anciens temps de l’Écosse. — Calédoniens, Pictes, Scots. — Kenneth Macalpin.


Quoique l’histoire d’Écosse soit celle d’un pays trop pauvre et comptant une population trop peu nombreuse pour être classé parmi les grandes puissances européennes, elle a néanmoins fixé l’attention du monde, de préférence même aux annales d’états plus florissants et plus riches. C’est ce qu’on peut attribuer justement aux prodiges de valeur et de fermeté avec lesquels les habitants défendirent jadis leur indépendance contre les attaques les plus formidables, aussi bien qu’à l’intime liaison des événements de cette histoire et de celle d’Angleterre, royaume dont la Bretagne du nord, après avoir été long-temps son ennemie invétérée, est maintenant devenue, par le traité d’union, une partie intégrale et indissoluble.

Les limites d’un résumé nous obligent à traiter, plus succinctement que nous ne le voudrions, cet intéressant sujet ; et il nous faudra, en conséquence, rejeter beaucoup de ces détails qui excitent l’intérêt et charment l’imagination. Nous tâcherons pourtant, de ne passer sous silence rien de ce qui semble nécessaire pour tracer un lucide tableau du cours général des événements.

L’histoire de toutes les nations modernes de l’Europe doit commencer à la décadence de l’empire romain. La dissolution de ce colosse donna naissance à des états presque innombrables, de même que le dépérissement et la décomposition de la matière animée renouvelle seulement les formes de la vie animale, mais ne diminue pas la quantité de cette vie. L’ambition de ce peuple extraordinaire, tant sous la république que sous l’empire, était d’étendre l’autorité de Rome sur le monde entier ; et tandis même que sa propre constitution luttait contre l’influence d’un rapide déclin, la rage avec laquelle il s’efforçait d’imposer son joug à ceux de ses infortunés voisins qui conservaient encore leur liberté, se manifestait sur les points les plus éloignés de son im-