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qu’il voulait obliger ainsi à de fréquentes et honteuses comparutions devant les tribunaux anglais. Un simple particulier de Berwick alla même jusqu’à en appeler à ces tribunaux d’un arrêt rendu par des juges d’Écosse, dont cette ville passait alors pour faire partie. Baliol protesta contre la validité de cet appel, et rappela à Édouard que d’après les conditions jurées à Birgham, il avait été rigoureusement stipulé que nul sujet écossais ne pourrait être mandé devant une cour de justice anglaise pour des faits qui se seraient passés en Écosse. Édouard répliqua avec une superbe indifférence et une infâme effronterie qu’un tel engagement n’avait été pris alors qu’eu égard aux circonstances, et que de pareilles promesses ne l’empêcheraient pas de citer à comparaître devant les juges anglais le roi d’Écosse lui-même, s’il y avait lieu. Il ne laisserait pas son vassal, ajouta-t-il, devenir son directeur de conscience pour être réprimandé par lui d’avoir manqué de parole, et ne s’abstiendrait pas, quoi qu’il eût promis aux Écossais lorsqu’il avait traité du mariage de son fils avec Marguerite, de rendre à tous ses sujets la justice à laquelle ils avaient droit de sa part. Baliol fut obligé, pour faire la paix avec un maître si impérieux, d’abandonner toutes les stipulations et toutes les garanties qui concernaient l’indépendance et les privilèges de l’Écosse, et de souffrir qu’elles fussent méconnues, annulées.

Bientôt après, pendant la minorité de Duncan, comte de Fife, Macduff, son grand-oncle, s’appropria momentanément une partie du comté, puis, cité pour ce délit à comparaître devant les états d’Écosse, fut condamné par Baliol à un court emprisonnement. Sorti de prison, Macduff cita à son tour Baliol devant Édouard, et Édouard ordonna que le roi écossais comparût en personne devant lui. Il vint, mais refusa de se défendre. Le parlement d’Angleterre décida que Baliol devait des dommages à Macduff, et pour le punir de son entêtement à ne pas vouloir présenter sa défense devant son seigneur suzerain, ordonna que trois des principales villes d’Écosse, ainsi que leurs châteaux, seraient remis entre les mains d’Édouard, jusqu’à ce que le roi écossais lui donnât satisfaction. De sévères et insultantes règles de procédure furent arrêtées pour les cas où le roi d’Écosse aurait dans la suite à comparaître devant les tribunaux de son suzerain d’Angleterre. Bref, on fit sentir à Baliol que quoiqu’on dût peut-être lui laisser encore quelque temps le sceptre et la cou-