Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 27, 1838.djvu/62

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provinces subissent les heureux effets de la civilisation scoto-saxonne qui avait déjà envahi les basses terres ; et probablement le nord du Caithness et du Moray demeura aussi au delà des limites du gouvernement régulier. En d’autres termes, une politique meilleure ne prévalut, soit complètement, soit partiellement, que là où les indigènes, par suite d’une condition plus riche ou plus douce qu’ailleurs, avaient appris à préférer les bienfaits d’un gouvernement civilisé, aux licences féroces et individuelles d’un état sauvage. Les montagnards ne prirent pas la protection qui résultait d’un système plus régulier de lois, ils en méprisèrent et haïrent la contrainte. Ils conservèrent les vêtements, les armes, les institutions et coutumes des Celtes leurs pères. Ils reconnaissaient, il est vrai, à généralement parler, la suprématie des rois d’Écosse ; mais beaucoup de leurs chefs, tels que Mac Donald des îles, Mac Dougal de Lorn, Roland de Galloway, et d’autres souhaitaient ardemment une complète indépendance et essayaient souvent de la conquérir. Le roi, de son côté, ne pouvait exercer sa puissance dans ces districts lointains, que d’une manière directe, en s’y transportant avec son armée, ou indirecte en profitant de leurs querelles domestiques et poussant les chefs à la destruction les uns des autres. Dans les deux cas, il pouvait inspirer de la terreur, mais non une salutaire confiance en sa protection, à cette race primitive de ses sujets, à ces premières, et pendant tant d’années, seules tribus sur lesquelles ses aïeux exercèrent quelque empire. C’est ainsi que commença et que se maintint de siècle en siècle, entre le Scot celtique et le Scot saxon, entre le HigHlandais, en un mot, et le Lowlandais, la distinction qui est encore visiblement marquée entre eux par la différence du langage, et qui pendant la dernière génération était plus apparente par celle des usages, des costumes, et même des lois.

Ainsi l’Écosse, situation bizarre, se divisait en deux races séparées, dont l’une était parvenue à un haut degré de civilisation, et dont l’autre demeurait encore presque dans un état de nature, quand la mort d’Alexandre III exposa la nation au risque d’être anéantie comme peuple indépendant et comme royaume.