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bertés contre un ambitieux voisin. Mais l’heureuse acquisition de la fertile province de Lothian qui comprenait tout le pays situé entre la Tweed et le Forth, et l’habile politique tant de Malcolm Cean-Morh que de ses successeurs, concoururent à donner au royaume d’Écosse, si morcelé et si désuni auparavant, la consistance et l’harmonie dont il avait besoin.

Avec un peu de cette ruse qui poussa les propriétaires écossais du moyen-âge à bâtir leurs châteaux sur la limite même de leur propriété et en face des manoirs de leurs plus puissants voisins, Malcolm Cean-Morh fixa d’abord sa royale résidence à Dunfermline, d’où ses successeurs la transportèrent à Édimbourg. Berwick et Dumbar furent fortifiés de manière à offrir des obstacles infranchissables aux armées d’invasion ; et passer la Tweed, qui, dans la partie inférieure de son cours, est rarement guéable, après avoir laissé derrière soi de telles places fortes, eût été une téméraire entreprise de la part d’un envahisseur anglais qui n’aurait pas eu à sa suite des forces tout-à-fait considérables. La possession du Lothian, qui était habité par des Saxons mélangés de Danois, introduisit auprès du roi d’Écosse et à sa cour, de nouveaux besoins, de nouveaux désirs, une nouvelle politique, des relations avec d’autres contrées dont l’accès ne leur était pas possible jadis, et une nouvelle langue pour exprimer toutes ces idées nouvelles. Nous avons mentionné le bienveillant accueil que Malcolm, influencé par la reine, son épouse, fit aux émigrés saxons et normands, et l’envie qu’excita parmi les Scots de la vieille roche la faveur accordée à ces étrangers. Tous les successeurs de Malcolm, excepté le sauvage Hébridéen Donald-Bane, suivirent la même ligne de conduite, et achetèrent la science le plus honorablement qu’elle puisse s’acquérir, en favorisant et récompensant toujours ceux qui sont capables de la communiquer. Ceux des barons normands, réputés en général la fleur de l’Europe, qui de temps à autre passèrent en Écosse, sont si nombreux qu’ils peuvent être dits, à peu d’exception près, former les ancêtres de la noblesse écossaise et de la plupart des familles les plus distinguées de la bourgeoisie : fait si bien connu, qu’il est inutile d’en articuler la preuve. Ces étrangers, surtout les Normands et les Anglo-Normands, étaient supérieurs aux sujets indigènes des rois écossais pour les arts aussi bien de la paix que de la guerre. Ils remplissaient donc naturellement la cour, et introduisaient dans le pays où ils trouvaient l’hospitalité, leurs usages et leurs