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Scots en un seul peuple, avec ce qu’elle était en 1083, lorsque le destin priva ce peuple de son monarque Alexandre III.

Nous savons qu’à l’époque la plus reculée, les usages que l’histoire attribue aux descendants des Dalriades, ou Scoto-Irlandais, ou Scots purs, proprement dits, ont dû être, puisqu’ils demeurèrent tels jusqu’à des temps bien postérieurs, les mêmes que ceux des tribus de l’Irlande, contrées d’où ils tirent leur origine. Leur constitution politique était tout-à-fait patriarcale, forme de gouvernement la plus simple et la plus ancienne. Le sang du premier fondateur de la famille fut censé couler aux veines de ses représentants successifs et transmettre à chacun d’eux un droit d’autorité suprême sur les descendants de son propre lignage, qui devinrent ses enfants et ses sujets, comme il devint lui-même par droit de naissance leur souverain monarque et leur législateur. Puis une nation se forma par l’alliance de plusieurs de ces tributs qui donnèrent à un seul tout pouvoir sur elles, afin qu’il les commandât pendant la guerre et décidât leurs différends pendant la paix. Beaucoup de chefs inférieurs prétendirent ensuite tenir d’une manière plus ou moins éloignée à la famille et au sang de ce chef des chefs. Ce titre suprême, ou droit de souveraineté, fut héréditaire : mais il fallait, d’une part, que l’individu qui en réclamait la possession, appartînt au roi-défunt par les liens de la parenté ; de l’autre, le titre était tellement électif, que la nation demeurait libre de choisir, pour lui succéder, celui d’entre tous ses proches qu’elle jugeait convenable ; et comme les devoirs de souverain ne pouvaient être remplis par un enfant, le choix tombait en général sur un homme dans la force de l’âge, frère ou neveu du décédé, plutôt que sur son fils ou sur son petit-fils.

Cette incertitude du droit de succession, qui prévalut relativement à la couronne seule, tandis que les coutumes celtiques prédominèrent pour tout le reste, devint une source continuelle de rebellions et de massacres. L’héritier, qu’on écartait à cause de sa jeunesse, éprouvait souvent, lorsqu’il avait pris des années, le désir de recouvrer la puissance de son père ; et bien des meurtres furent commis dans le but de redresser la déviation que la préférence d’un adulte avait introduite dans la ligne directe des héritiers. Pour prévenir de pareils crimes ou en diminuer le nombre, on recourut à un singulier expédient. Une espèce de roi des Romains ou César était, du vivant même de chaque souverain, choisi comme son successeur présomptif. On l’appelait taniste, et