Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 27, 1838.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Des querelles domestiques qui éclatèrent dans ses provinces éloignées et qui toutes se terminèrent heureusement, grâce à son adresse et à son activité, sont les incidents historiques qui marquent le plus dans la fin du règne de Guillaume. Quelque mésintelligence avec le roi Jean d’Angleterre nécessita une prise d’armes de part et d’autre ; mais par un traité conclu entre les deux monarques, les motifs de plainte cessèrent, Guillaume convenant de payer à Jean pour preuve d’amitié, dit-on, et pour certains articles qui le favorisaient, une somme de 15,000 marcs. Guillaume mourut à Sterling, âgé de soixante-douze ans, après un règne long et actif qui en avait duré quarante-huit.

Guillaume dut d’être surnommé le Lion à ce que le premier il adopta cet animal pour armes de l’Écosse. De cet emblème vient que le chef des hérauts écossais s’appelle le Héraut-Lion, ou Lion roi d’armes. La chevalerie prenait alors de rapides développements en Écosse, comme le prouve l’importance attachée par Guillaume et par son frère aîné Malcolm au titre de Paladin, et aussi la romanesque exclamation de Guillaume, quand il engageait l’inégal combat d’Alnwick : « Nous allons voir de quel côté sont les meilleurs chevaliers ! »

Guillaume-le-Lion fut législateur, et ses lois nous sont parvenues. C’était un strict, presque un sévère administrateur de la justice ; mais les mœurs de l’époque et le caractère de son peuple exigeaient que le juge, qui, dans un temps plus civilisé, peut et doit admettre beaucoup de différences dans la classification des crimes, ne les choisît pas avec autant de soin à cette période de barbarie. La tache du règne de Guillaume fut son imprudence à Alnwick, et la précipitation avec laquelle il rendit l’indépendance de l’Écosse contre sa propre liberté. Mais son habile négociation avec Richard le mit à même de réparer ce faux pas, et de transmettre le royaume à son héritier tel absolument qu’il l’avait reçu de son prédécesseur. Sa femme, Ermangarde de Beaumont, ne lui donna qu’un fils nommé Alexandre qui le remplaça sur le trône ; mais il laissa un grand nombre d’autres enfants, fruits d’unions illégitimes.

Le règne d’Alexandre II, quoique actif, occupé, plein de faits, n’offre néanmoins que peu d’événements dont la profonde influence s’étende sur les siècles postérieurs. Ces faits doivent être plutôt considérés dans leur ensemble qu’avec détail, et sauf à y revenir plus tard, nous nous contenterons de dire ici générale-